La prévalence des allergies alimentaires augmente dans tous les pays industrialisés. Tel est le constat dressé par nombre d’intervenants du congrès. Selon le Dr Dominique Sabouraud-Leclerc (Reims), en France, 6 % des enfants de moins de 5 ans et demi sont touchés. Et la gravité des allergies alimentaires augmente aussi, ajoute le Dr Montserrat Fernandez-Rivas (Madrid), citant deux études témoignant d’une hausse des hospitalisations.
D’où la nécessité de mieux prévenir ces allergies… notamment en se penchant sur les allergies non alimentaires. À commencer par les allergies respiratoires. « On connaît des allergènes communs aux pollens végétaux inhalés et aux éléments végétaux ingérés », rappelle Pascal Poncet (Paris). D’où des sensibilisations respiratoires aux aliments, qui pourraient s’avérer particulièrement fréquentes. Pour le Dr Xavier Van der Brempt (Waha, Luxembourg), 60 % des allergies alimentaires chez l’adulte pourraient être liées à des allergies inhalées – et relever d’un syndrome d’allergie pollens-aliments (Sapa).
Pour autant, réduire toutes les expositions respiratoires à risque en prévention primaire apparaît difficile au-delà de la consommation de cannabis (de plus en plus pointée comme génératrice d’allergies alimentaires) ou de certaines expositions professionnelles, par exemple. L’objectif serait donc surtout de mieux repérer les patients très allergiques à certains pollens, particulièrement susceptibles de présenter des allergies alimentaires graves, afin de leur proposer un bilan allergologique et de prendre des mesures de prévention secondaire ou tertiaire afin d’éviter les événements sévères : éviction d’aliments, trousse d’urgence avec adrénaline, etc.
Concernant les traitements de désensibilisation, le Dr Van der Brempt suggère que si certaines immunothérapies orales, comme celles à la pomme, peuvent être très efficaces y compris sur des pollinoses, les immunothérapies ciblant les allergies respiratoires ont peu d’impact sur les allergies orales.
Par ailleurs, le Dr Sabouraud-Leclerc défend la lutte contre les sensibilisations cutanées à certains aliments. D’autant que des précautions simples peuvent cette fois être mises en place en prévention primaire : « traitement précoce et actif » de tout eczéma du nourrisson « afin de restaurer la barrière cutanée », « lavage des mains avant de toucher le bébé par exemple après consommation de fruits à coque », etc.
Certaines tendances actuelles peuvent toutefois compliquer la donne. Comme l’usage de cosmétiques bio contenant des protéines alimentaires – un membre de l’assemblée témoignant de sa difficulté à lutter contre des pratiques de massage des jeunes enfants par exemple à l’huile d’avocat. Ou encore la diversification menée par l’enfant (qui conduit à laisser l’enfant se nourrir précocement par lui-même d’aliments solides réduits en morceaux) car « les enfants s’en mettent partout ! », souligne le Dr Sabouraud-Leclerc.
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