Le 25 août dernier, la publication des résultats d’une enquête observationnelle rétrospective, diligentée par l’Agence nationale de sécurité du médicament a révélé qu’entre 2007 et 2015, 14 332 grossesses sous valproate ou ses dérivés (VOSD), ayant donné lieu à 8 701 naissances vivantes, ont été comptabilisées en France. Sur cette même période, la prescription annuelle du VOSD chez la femme enceinte a baissé de 42,4 % en moyenne : de 55,9 % dans les épilepsies, contre seulement 18 % dans les troubles bipolaires. L’affaire connaît depuis lors un développement judiciaire puisqu’une plainte a été déposée devant le Parquet de Paris pour « blessures involontaires et tromperies aggravées ».
Un risque tératogène important
Depuis une quinzaine d’années, de nouvelles molécules efficaces et mieux tolérées, sont venues enrichir l’arsenal des neurologues et des pédiatres en épileptologie ; ce qui s’est accompagné d’une baisse de la prescription de la Dépakine. Identifié depuis une trentaine d’années, le risque tératogène lié au VOSD est en effet important avec un surrisque de 2 à 7, selon la dose et les éventuelles associations médicamenteuses réalisées. Des travaux plus récents ont souligné le risque de perte de 10 points de quotient intellectuel chez les enfants exposés in utero. En 2013, d’autres études ont montré cette fois, un risque accru d’autisme de Kanner et de troubles du spectre autistique.
Lithium, antipsychotiques ou lamotrigine
Dans ce contexte, chez les patientes bipolaires en âge de procréer ou enceintes, la prescription du VOSD est fortement remise en question. L’efficacité préventive sur le long terme dans la maladie bipolaire n’est d’ailleurs pas solidement démontrée et des alternatives médicamenteuses existent. Dans le trouble bipolaire de type 1, le lithium et les antipsychotiques constituent incontestablement des traitements de choix ; et dans le trouble bipolaire de type 2 la lamotrigine a également toute sa place. La grossesse et le post-partum étant des situations à haut risque pour la maladie bipolaire, la concertation entre la patiente, son psychiatre, son gynécologue-obstétricien et son pédiatre constitue le socle fondamental d’une prise de décision éclairée et d’un accompagnement optimal de la patiente et de l’enfant à naître.
Nightingale Hospitals Paris. Clinique du Château de Garches, CH Sainte Anne, Paris
Masson M, Huberfeld G, Richa S, Henry C, Gaillard R. Précaution et vigilance : à propos du valproate et de la grossesse. L’Encéphale 2016;42:391-4
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