De leur inspection en octobre à la Timone, les experts de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sont revenus un peu ébranlés. Et ils concluent à un "défaut majeur dans la culture de radioprotection" au sein du grand hôpital marseillais.
Parmi les éléments relevés dans leur rapport figurent d'abord les carences dans la formation des personnels qui utilisent des rayons X. "Aucun membre du personnel médical" utilisant ces rayons, "n'a validé la formation à la radioprotection des patients", relèvent les inspecteurs de l'ASN dans leur rapport. Or, "cette formation constitue un pré-requis pour effectuer des actes faisant intervenir des rayonnements ionisants sur les patients", ajoutent-ils.
Selon l'ASN, les patients ne sont pas non plus informés systématiquement, comme ils devraient l'être, des rayons qu'ils ont pu recevoir lors d'un examen, "la dose ou les éléments utiles à l'estimation de la dose reçue n'étant pas toujours reportés dans les compte-rendus d'actes".
Enfin, le gendarme du nucléaire relève par ailleurs que les dosimètres que devraient porter les salariés pour mesurer la quantité de rayons qu'ils reçoivent, et les alerter s'ils dépassent les seuils dangereux pour la santé, sont rarement sortis. "Environ 90% du personnel des blocs n'a jamais activé de dosimètre opérationnel au cours des douze derniers mois", précise l'Autorité, apparemment beaucoup ne sachant pas à quoi servent ces appareils.
Last but not least : les lunettes de protection mises à disposition des chirurgiens au bloc ne sont pas portées. Et pour le reste, lors de leur visite, les inspecteurs ont découvert que les tabliers, jupes et chasubles de plomb étaient pour certains "disposés à même le sol", faute de place suffisante pour les ranger correctement. Des manquements ont également été observés au niveau des indicateurs placés dans les salles de bloc opératoire pour indiquer qu'un appareil émettant des rayons a été allumé.
Face à un tel constat, la direction de l'AP-HM indique qu'elle "va mettre en place une campagne de formation et de sensibilisation des personnels médicaux". "Il y a 70 médecins qu'on va former", promet-elle. Concernant les patients, elle assure que ceux-ci sont systématiquement informés, même si cette information n'apparaît pas dans les dossiers. Enfin, l'AP-HM promet une campagne de sensibilisation sur l'utilisation des équipements et des dosimètres et une "mise à niveau" de toutes les salles de la Timone 2 pour répondre aux nouvelles normes d'ici au 1er janvier 2017.
La direction de l'AP-HM a effectivement tout intérêt à se démener, car l'ANSN a déjà prévenu : une nouvelle inspection aura lieu "à moyen terme". En outre, le présent rapport intervient après d'autres ces derniers mois qui, dans d'autres domaines, n'ont pas été tendres avec les hôpitaux de Marseille.
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