Vingt ans après l'intronisation de la carte Vitale, des milliers de médecins font de la résistance. L'an passé, près de 82 millions de feuilles de soins papier ont ainsi été reçues, en incluant celles dues à des oublis et pertes de cartes, par la Sécu, soit un peu plus de 6 % des actes médicaux remboursés.
85 % des généralistes télétransmettent
En mars, plus de 44 000 praticiens n'ont pas utilisé la moindre carte Vitale en mars, selon le groupement Sesam-Vitale. Si, au cours de ce même mois, seulement 61 % des spécialistes ont fait de la télétransmission, les omnipraticiens ont été moins récalcitrants. Ainsi 85 % des généralistes ont eu recours à la carte vitale.
Fin d'exercice, indépendance…
Les explications à cette résistance sont multiples. « Je n'ai pas à faire le travail de la Sécu, estime Thierry, un gastroentérologue parisien. Il faut laisser le médecin ne faire que de la médecine, le reste ce n'est pas son problème ». Et d'ajouter « c'est au patient de se débrouiller pour se faire rembourser ». Au départ, il n'avait pourtant rien contre la carte.
De son côté, Pierre Peix, directeur délégué aux opérations de la Cnam explique qu'une « frange de professionnels de santé qui estiment être trop proches de leur fin d'activité pour se lancer dans l'informatisation ou la télétransmission ».
Daniel, généraliste de 66 ans dans la Manche a refusé de passer à la télétransmission car il « n'aime pas être fliqué ». Pour lui, la carte Vitale transforme « petit à petit les médecins (en) salariés des caisses d'assurance, publiques ou privées » et pousse les patients à « une surconsommation médicale du fait du non-paiement ».
Plusieurs millions d'euros perdus par la CNAM
En refusant de télétransmettre via la carte Vitale, les praticiens récalcitrants font perdre des millions d'euros à l'Assurance maladie - une feuille de soins traditionnelle lui coûte en moyenne 1,60 euro, contre 0,11 euro pour une télétransmission -, qui n'envisage pourtant pas de les sanctionner.
La caisse avait bien tenté le coup en 2010, mais sa décision de sanctionner de 50 centimes d'euro par feuille de soins papier avait été annulée par le Conseil d'État pour « excès de pouvoir ». Désormais, la caisse use de méthodes plus insidieuses accuse Thierry : feuilles de soins jamais livrées, renvoyées à l'expéditeur ou restant impayées… « Il y a énormément de pressions pour que je télétransmette », affirme le gastroentérologue parisien
(Avec AFP)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature