Ultra-tendance, la « détox » se décline sous forme de régimes alimentaires, de cures, elle est pratiquée dans des cliniques, entre amies, et ses allégations s’invitent même dans les restaurants branchés, où le banal jus de raisin s’est mué en un ronflant « aspirateur à toxines ».
Les promesses sont alléchantes : élimination des toxines, mais aussi repos du corps, nettoyage du foie, régénération des cellules, vitalité, sommeil, cerveau… En somme, l’alpha et l’oméga du corps et de l’esprit. Pourtant, ces allégations sont non vérifiées et souvent frauduleuses.
Venue des États-Unis, « la détox a tout du jeûne religieux (…). Prouvez votre vertu ! Purgez-vous ! Soyez canon en jean ! (Pour la modique somme de 525 dollars par semaine !). Le jus, c'est la transsubstantiation miraculeuse de l'herbe en or », dénonce Katy Waldman chez Slate.
Privation et restriction
Concrètement, les régimes détox alternent deux modalités : le jeûne, accompagné de liquides (eau, tisanes, jus), d’un jour à une semaine, et la cure. Il s’agit alors d’une restriction alimentaire – tout fruit ou tout légume, ingérés sous formes de bouillons et infusions – qui peut s’accompagner de lavements, sur une période de 24 heures à un mois.
Loin de se détoxifier, le métabolisme puise alors dans ses réserves lipidiques – pouvant libérer les toxiques stockés dans le tissu adipeux – puis dans les réserves protidiques, avec une sarcopénie à la clé.
L’association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) tire la sonnette d’alarme : non seulement aucun effet bénéfique de ces régimes n’a été prouvé scientifiquement, mais ils peuvent être dangereux, surtout quand ils sont prolongés et/ou pratiqués par les personnes fragiles : adolescents, personnes âgées, femmes enceintes ou allaitantes, personnes dénutries, diabétiques, présentant des troubles de l’alimentation.
Témoin d’une volonté de maîtrise orthorexique, associé au besoin spirituel de purification, la détox est avant tout un phénomène social. « Une semaine de randonnée, de baignade, de vélo… En mangeant trois repas équilibrés par jour, exerce tout autant de volonté, procure autant de plaisir, voire plus, et est donc beaucoup plus efficace qu’un jeune ou une cure détox de même durée. Et, dans ce cas, les bénéfices sont démontrés : perte durable de poids, amélioration de la respiration et du sommeil et, globalement, meilleur équilibre physiologique et psychologique », telles sont les préconisations de bon sens de la commission scientifique de l’AFDN.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature