Le film de Laura Poitras Toute la beauté et le sang versé relate le combat de l'artiste Nan Golding, une photographe américaine de renommée mondiale contre le laboratoire américain Purdue, fabricant d'opiacés, qui a fait des centaines de milliers de victimes suite aux addictions subies par ces traitements. La famille Sackler à l'origine de ce désastre est bien connue dans le monde de l'art institutionnel pour sa "générosité" à l'égard des grands musées comme le Guggenheim (New York), la National Gallery (Londres) ou même Le Louvre. Dès l'entame du film, le collectif Pain à l'œuvre depuis 2017 mène une opération coup de poing dans le musée du MET à New York en jetant des dizaines de boîtes d'opiacés, en criant des slogans hostiles au mécène. L'objectif est que l'ensemble de ces grandes institutions décrochent le nom maudit. Parallèlement à cette lutte, la vie de l'artiste est dévoilée. Son origine est issue d'une faille liée à sa sœur aînée. Le spectateur suit alors passionnément les deux fils rouges : le combat contre la famille Sackler sera-t-il couronné de succès ? D'où vient le malaise familial de l'artiste qui d'ailleurs explique son parcours ?
Le terme de résistance prend un sens encore plus fort avec A pas aveugles (tourné en 2021 mais qui est sorti récemment). Le réalisateur français, Christophe Cognet, s'intéresse aux photographies prises par les déportés, souvent au risque d'y laisser leur vie. Ceux-ci inventent des stratagèmes incroyables pour parvenir à leurs fins et laissent la place souvent au hasard pour saisir des scènes parfois effroyables. L'intention du réalisateur est à partir de ces images d'identifier l'endroit (plus ou moins exact) à partir duquel a été pris le cliché, avec l'aide d'un historien du camp. Puis il place la photo agrandie en transparent (négatif) sur un chevalet à l'endroit même où se trouvait le photographe, comme pour tracer une mémoire supplémentaire du camp.
Deux exemples saisissent le spectateur. D'une part, la scène (très connue) de ce groupe de femmes juives qui se dénudent avant de rentrer dans la chambre à gaz au camp d'Auschwitz photographiée par un sonderkommando. D'autre part, clichés moins connus, ces 74 femmes qui ont servi de "lapins" (cobayes) aux médecins nazis du camp de Ravensbruck ont été prises par l'une d'entre elles. On voit ces jeunes femmes (parfois souriantes) montrer leur blessure. Un malaise s'installe. L'histoire n'en finit jamais d'être creusée.
Quant à la résistance, face à l'oppresseur d'État ou face à un géant pharma, l'humanité se traduit dans l'image photo ou filmée avec pour but de poursuivre le travail de mémoire, et éviter qu'elle ne s'efface. Après seulement viendra le temps du procès des protagonistes.
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