Le Pr Claire Daïen (CHU de Montpellier) a présenté les recommandations nutritionnelles 2022 de la Société française de rhumatologie pour les personnes atteintes de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite, rhumatisme psoriasique).
La littérature scientifique relativement pauvre
La spécialiste est d’abord revenue sur diverses pratiques en vogue chez certains patients mais « non recommandables », faute le plus souvent de données scientifiques suffisantes dans la littérature.
Ainsi, selon les guidelines, le régime sans gluten ne peut être proposé pour le contrôle de l’activité du RIC en l’absence de maladie cœliaque confirmée. De même, le jeûne ou le régime végétalien ne peuvent être conseillés dans cette optique. « Le jeûne prolongé (10 jours) a pu montrer un effet sur les symptômes articulaires mais qui malheureusement ne se maintient pas dans le temps après la reprise de l’alimentation, souligne la rhumatologue. Nous n’avons pas de données sur le jeûne intermittent, très en vogue actuellement. » L’intérêt d’une supplémentation vitaminique (B9, D, E, K), en oligoéléments (sélénium et/ou zinc) ou en probiotiques n’est absolument pas démontré.
Seule recommandation positive, celle de supplémenter ces patients en acides gras essentiels polyinsaturés, principalement des oméga-3 (EPA + DHA > 2 g/jour) à visée symptomatique, qui ont montré des effets sur les douleurs et la raideur articulaire matinale, principalement dans la polyarthrite rhumatoïde. « Ainsi, propose Claire Daïen, si un patient souffrant de RIC souhaite agir via son alimentation, on peut lui recommander le régime méditerranéen et lui conseiller d’augmenter ses apports en oméga-3 soit par l’alimentation soit via des compléments. » Mais il n’a en revanche pas été montré d’effet du régime méditerranéen ni des oméga-3 sur les destructions articulaires. La perte de poids doit être encouragée chez les patients atteints de RIC en surpoids ou obèses. Car, comme le rappelle la spécialiste, « l’obésité est associée à un état inflammatoire de bas grade aggravant les symptômes articulaires tels que la douleur. Les patients obèses répondent aussi moins bien aux traitements médicamenteux. »
Des patients qui modifient d’eux-mêmes leur alimentation
D’après une enquête conduite chez 300 patients atteints de rhumatisme inflammatoire chronique, de psoriasis et de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, 44 % d’entre eux avaient modifié leur alimentation après l’annonce du diagnostic. 69 % l’avaient décidé de leur propre chef et seulement 13 % sur les conseils d’un professionnel de santé. A contrario, les deux tiers des patients interrogés n’ont jamais parlé de leur alimentation avec un spécialiste. « S’agissant de maladies chroniques, il est fréquent que les patients veuillent agir sur leurs symptômes “naturellement” et par eux-mêmes, confirme la rhumatologue. À ce titre, 25 % d’entre eux déclarent d’ailleurs que certains aliments améliorent ou aggravent leurs symptômes et un quart débute un régime d’éviction. »
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