La première réunion du Grenelle pour la santé des joueurs professionnels de rugby s'est tenue ce mardi matin au siège de la Ligue nationale de rugby (LNR), à Paris. Les participants y ont commencé les travaux visant à formuler des propositions pour enrayer l'épidémie de blessures, de plus en plus graves, qui touchent les joueurs professionnels français.
Pour le Dr Bernard Dusfour, directeur médical de la LNR, l'organisation de ce Grenelle s'est imposée comme une évidence lors des dernières phases finales du Top 14. « Nous avons connu 5 matchs avec une violence très importante, se souvient-il. Les langues se sont alors déliées dans la presse spécialisée : les joueurs, les médecins, les entraîneurs, et même un président de club se sont plaints du nombre grandissant de blessures et de commotions cérébrales. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité réunir tout le monde autour d'une table. »
Augmentation de 40 % des sorties sur blessure
La courbe la plus parlante est celle des sorties définitives sur blessure au cours des matchs du Top 14 : 189 sorties lors de la saison 2012-2013, 235 en 2013-2014 et 265 en 2014-2015, soit une augmentation de 40 %. Le nombre total de blessures est quant à lui passé de 603 à 981 en deux ans.
Selon les données de l'observatoire médical de la fédération française de rugby (FFR) et de la LNR, la nature des blessures a aussi changé en 10 ans. Il y a désormais davantage de blessures aux genoux (+104 % depuis 2012), à la cheville (+88 %), et de blessures du haut du corps (+72 % des traumatismes de l'épaule). Les commotions cérébrales (+25 %), les saignements (+34 %) et les traumatismes de la face (+39 %) sont également très préoccupants. Les mêmes données indiquent que les postes les plus exposés sont les joueurs de première ligne, les demis de mêlée et d'ouverture.
L'évolution de la morphologie des joueurs est pointée du doigt : « Les joueurs ont pris 10 kg de muscle et 30 % de vitesse en plus en moyenne au cours des 10 dernières années, précise le Dr Dusfour. Les phases dynamiques (ruck, plaquage…) ont pris l'avantage sur les phases statiques. Les impacts sont devenus tellement forts que l'on n'a plus besoin de donner un coup de poing ou de pied pour faire mal. »
Des propositions concrètes pour Noël
Lors de la réunion, plusieurs axes d'amélioration ont été évoqués. Les participants proposent de perfectionner les statistiques et le suivi médical du joueur. Le diagnostic des commotions cérébrales sur le terrain est également à l'ordre du jour des futures discussions. On estime en effet que 30 % des joueurs souffrant de commotion restent à jouer sur le terrain alors qu'ils devraient être évacués.
À la demande du syndicat des joueurs, la lutte contre les addictions et le dopage seront également évoqués. « Le dopage augmente le risque de blessure en diminuant le temps de récupération du joueur qui croit qu'il n'est pas blessé, explique le Dr Dusfour. En ce qui concerne les addictions, il faut préciser que les sportifs de haut niveau sont des sujets à risque. » Une nouvelle réunion se tiendra début octobre, et des propositions finalisées seront exposées un peu avant Noël 2017.
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