« Providence Café », de Mohamed Rouabhi

Sans espoir

Publié le 01/04/2003
Article réservé aux abonnés

On comprend mal la complaisance de l'auteur pour tout ce qui peut être dégradant. Il accable ses personnages et comme il signe aussi la mise en scène, il ne fait qu'aggraver son cas ne leur accordant que plus de déchéance. Quel sens a donc ce texte, quel sens ce spectacle qui était proposé au théâtre du Rond-Point ?

Ils pourraient être affreux, sales et méchants et on pourrait les aimer et apprendre d'eux quelque chose. Mais il faudrait que l'auteur ait quelque générosité, ce dont il manque. Ils pourraient être de pauvres minables dans un bistrot paumé, quelque part aux Etats-Unis, pas loin de la frontière mexicaine et exaspérer leur pauvreté en délires xénophobes assez vraisemblables de l'Amérique du désastre.
Encore faudrait-il que l'auteur ait une once de compassion pour ces personnages, encore faudrait-il qu'il écrive. Or, et on désolé de devoir le constater, ici, il n'y a rien d'un processus d'écriture qui mérite tel déploiement spectaculaire. On ne quitte pas le registre du dégradant et de la complaisance.
Il y a sur ce plateau de sacrés moyens. Décor, effets, sons, lumières, musiques plus un comédien de renom - Dominique Pinon - popularisé par le cinéma, et des acteurs de métier. Que font-ils ici ? Bluffés par le discours du dramaturge, certainement. Mais le plateau est cruel : n'y affleurent que les intentions véritables. Et celles de Mohamed Rouabhi sont de très mauvais aloi.
Difficile de comprendre les motivation de Jean-Michel Ribes. Il ne suffit pas d'écrire aujourd'hui pour être un auteur qui mérite l'affiche d'une institution qui s'est donnée pour mission de promouvoir la qualité. La confusion est toxique. Mettre sur le même plan Jon Fosse et Mohamed Rouabhi n'est pas pertinent. Rouabhi a le droit de se tromper, de se laisser aller à trop de faiblesse. Mais on ne peut pas tout proposer, simplement parce c'est écrit d'aujourd'hui...

A. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7307