Pour ce second épisode, initié en 2011, ont été suivis 6 700 enfants prématurés (naissance vivantes ou morts nés) de 25 régions françaises. Parmi eux, 4 000 devraient l’être sur au moins 6 ans encore. Une très grande majorité, 94 %, des prématurés nés après 27 à 31 semaines d’aménorrhée (SA) sortent vivants de la maternité. Et 81 % d’entre eux ne connaissent pas de morbidité grave au cours de leurs premiers mois de vie, telles que pneumopathie, hémorragies intraventriculaires, leucomalacie, rétinopathie ou entérocolite nécrosante. Par ailleurs, 59 % des enfants nés à 25 SA et 75 % de ceux qui sont nés à 26 SA survivent, sans pathologie néonatale grave pour respectivement 30 et 48 % d’entre eux.
En comparaison des résultats de la première édition de l’étude EPIPAGE (où les enfants étaient suivis 8 ans au plus), la proportion d’enfants ayant survécu sans morbidité sévère a augmenté de 14 % pour les prématurés nés entre la 25e et la 29e SA, de 6 % pour les enfants nés entre la 30e et 31e SA, où la marge d’amélioration est mathématiquement/nécessairement plus faible. « En revanche, la situation est identique, n’a pas évolué, pour les plus grands prématurés, nés avant 24 SA, indique le Dr Pierre-Yves Ancel, responsable de l’équipe INSERM 953 EPOPé (équipe de recherche en épidémiologie obstétricale) et premier auteur* : 31 % des enfants seulement survivent, 12 % sans comorbidité grave. »
Grossesses à risque mieux repérées
À l’origine de cette amélioration de la santé périnatale des enfants prématurés, un meilleur repérage des grossesses à risque de prématurité, ou des grossesses pour lesquelles un accouchement prématuré, parce que provoqué, doit être envisagé (décollement placentaire par exemple). « Environ 85 % des prématurés aujourd’hui naissent dans des maternités de niveau 3 », observe le Pr François Goffinet, chef de service à la maternité Port-Royal et Unité INSERM 1153 (Centre de Recherche épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique). Et c’est dans l’ensemble de ces maternités que la survie est améliorée au-delà de 26 SA.
En plus de la régionalisation des soins qui a permis à ces enfants de naître dans des maternités adaptées, certaines pratiques, corticothérapie anténatale ou surfactant pulmonaire, sont plus largement répandues qui contribuent à leur survie, en meilleure santé. « Les extrêmes prématurés sont aussi plus souvent pris en charge », constate-t-il.
Si la prise en charge des prématurés est automatique en France après la 26e SA, la décision est partagée dans cette zone grise entre la 24e et 26e SA, les décisions étant prises par le pédiatre et l’obstétricien, en accord avec les parents bien sûr. À l’inverse, Au Royaume-Uni ou dans les pays Nordiques, les enfants nés entre la 23e et 24e SA sont systématiquement pris en charge, et leur taux de survie, de 50 %. « Le "nôtre", qui stagne autour de 30 % doit nous inciter à réfléchir sur nos pratiques », suggère-t-il.
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