En quelques années, l'offre d'autotests s'est démultipliée dans les pharmacies d'officine, et sur Internet. L'Académie de pharmacie a passé en revue, dans un nouveau rapport, 13 autotests vendus en officine dans le but de déterminer lesquels méritaient d'être recommandés. « Nous ne nous sommes pas posé la question de la fiabilité de ces tests, mais de leur utilité clinique », prévient Liliane Grangeot-Keros, auteure principale du rapport. « Nous avons avant tout cherché à savoir si ces tests raccourcissent effectivement l'accès au traitement et ne risquent pas d'inquiéter ou de rassurer à tort », poursuit-elle. La question de la fiabilité de ces tests, comparés aux tests réalisés en laboratoires, fera l'objet d'un autre rapport, réalisé par la Société française de biologie clinique.
Seuls 3 autotests répondent à ces critères : l'autotest du VIH (le lancement du premier a été très médiatisé en 2015), celui des infections urinaires et celui de détection des anticorps anti-tétanique. Les autotests du VIH sont vus par l'académie comme un moyen de « contribuer à combler le trou entre les patients infectés et ceux qui sont dépistés », estime Martial Fraysse, président du conseil régional d'Ile-de-France de l'Ordre des pharmaciens.
L'autotest des infections urinaires répond à une autre situation clinique : celle de la patiente sujette aux infections chroniques n'ayant pas un accès immédiat à un médecin.
Les autotests de recherche d'anticorps antitétaniques après une blessure lors du jardinage ou du bricolage, sont eux vus comme un moyen de s'assurer que l'on est bien à jour de son vaccin contre le tétanos en cas de doute.
PSA, Helicobacter pylori, allergie... à éviter
Le rapport dresse également une liste de 5 autotests « à éviter » : le dosage de PSA, l'autotest de recherche des anticorps d'Helicobacter pylori, les autotests sanguins de recherche d'IgE, de la maladie de Lyme et de dépistage du cancer colorectal.
Une 3e liste d'autotests dont l'utilité est faible en dehors d'un bilan plus étendu conclut la litanie : le test de mesure semi-quantitative du cholestérol total, la mesure de la ferritinémie, le dosage de TSH et les tests urinaires visant à une recherche quantitative d'hormone FSH et LH.
Plaidoyer pour le TROD en pharmacie
L'autre moitié du rapport est consacrée aux tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), que les auteurs voudraient voir plus répandus dans les pharmacies d'officine. Pour l'heure, seuls 3 TRODs sont disponibles pour les pharmaciens d'officine : le test capillaire d'évaluation de la glycémie (dans le cadre de campagnes de prévention du diabète de type 2), le test strepto A et le test nasopharyngé d'orientation diagnostique de la grippe.
L'académie « souhaite qu'il y ait un dépistage du diabète de type 2 des populations ciblées en pharmacie, explique Liliane Grangeot-Keros. Il faudrait aussi que les TRODs VIH soient mis gratuitement à la disposition des pharmaciens dotés d'un espace de confidentialité, et que les pharmaciens puissent délivrer directement des antibiotiques suite à un autotest positif d'infection urinaire, comme c'est déjà le cas en Suisse ». L'académie demande aussi l'autorisation des TROD « tests urinaires » et « recherche d'anticorps antitétaniques ». Elle recommande enfin d'augmenter le niveau d'exigence d'assurance qualité des autotests et des TROD à des niveaux comparables à ceux exigés en Allemagne et en Suisse.
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