En Europe, une partie des grands prématurés ne reçoivent pas tous les soins appropriés pour leur sauver la vie. C’est ce que révèle une étude multicentrique coordonnée par l’INSERM et publiée dans the British Medical Journal ce mardi 5 juillet. En effet, les résultats montrent que seulement 58,3 % des grands prématurés inclus dans l'étude reçoivent la totalité des soins. Les chercheurs ont pris en compte quatre pratiques importantes : l'accouchement dans une unité de maternité, l’administration prénatale de corticostéroïdes, la prévention de l’hypothermie et l’utilisation de surfactant dans les 2 heures qui suivent la naissance, ou la ventilation nasale en pression positive.
Le projet EPICE a établi une cohorte qui comprend tous les prématurés nés entre 2011 et 2012 dans les hôpitaux situés dans 11 pays européens dont la France. En tout, l’étude inclut 7 336 bébés, nés avant 32 semaines. D’après les chiffres, la plupart des enfants ont pu bénéficier d’au moins une de ces pratiques thérapeutiques recommandées. Ainsi, 89,2 % ont eu droit à une administration de stéroïdes et seuls 74,4 % ont été soignés pour prévenir une hypothermie. La probabilité de recevoir la totalité des soins était plus faible chez les bébés nés avant 26 semaines, chez ceux qui semblaient petits par rapport à leur âge gestationnel et ceux dont le score Apgar était bas. La prise en charge totale des enfants changeait beaucoup selon les zones étudiées (de 32 à 75,5 %), révélant de grandes disparités entre les pays.
L’équipe a également mis au point deux modèles pour avoir une idée de l’impact de ce défaut de prise en charge. Si tous les enfants bénéficiaient de l’ensemble des quatre pratiques recommandées, la mortalité et la morbidité sévère diminueraient de 18 %, selon leurs calculs. Des méta-analyses avaient d’ores et déjà démontré l’intérêt de ces mesures thérapeutiques. Par exemple, l’administration de stéroïdes réduit les morts prénatales, le syndrome d’angoisse respiratoire, les hémorragies intraventriculaires ou les infections systémiques.
L'usage modeste de ces pratiques chez les grands prématurés met en relief le défi que représente la gestion d'accouchements imprévus. Si les grands prématurés ne représentent que 2 % des naissances, ils correspondent à plus de 50 % des décès. Il est donc important d'« assurer une meilleure issue pour ces enfants en vue de leur santé future et de leur développement ainsi que pour réduire le fardeau des familles et du système des soins de santé » précisent les auteurs.
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