Pour traiter efficacement la sclérose en plaques, il faudrait parvenir à produire de nouveau oligodendrocytes, dont le rôle est de régénérer la gaine de myéline des neurones. Les principales sources d’oligodendrocytes sont les cellules progénitrices d’oligodendrocytes. De telles cellules sont nombreuses dans les régions cérébrales démyélinisées des patients atteints de sclérose en plaques, mais sont incapables de se différencier.
Fadi Najm et ses collègues du département de génétique et de génomique de l’université Case Western Reserve (Ohio) ont passé en revue le contenu d’une bibliothèque de molécules, qu’ils ont testé sur des cultures de cellules progénitrices d’oligodendrocytes dérivées de cellules souches issues de l’épiblaste de souris. Sur 727 molécules testées, sept avaient la capacité de favoriser la différenciation des oligodendrocytes.
Une action via les MAP kinase et les récepteurs aux glucocorticoïdes
Parmi ces sept candidats, le miconazole (un antifongique) et le clobétasol (un glucocorticoïde) avaient un effet suffisamment puissant pour que l’on observe une remyélinisation dans des tranches de cerveaux de souriceaux. Une nouvelle expérience menée in vivo chez des souris souffrant d’une démyélinisation induite était également concluante.
Les auteurs précisent que le miconazole agit directement sur la myélinisation via l’activation des MAP kinase ERK1/2, mais sans agir sur le système immunitaire. Le clobétasol, pour sa part, dispose de propriétés anti-inflammatoires qui permettent aussi de réduire la réponse auto-immune. Selon les auteurs, le clobétasol favorise la différenciation des progénitrices d’oligodendrocytes en réduisant l’activité des gènes qui empêche la maturation des récepteurs aux glucocorticoïdes. Ces derniers sont connus pour leur action régulatrice sur les gènes codant pour la myéline. Plus précisément, les chercheurs ont noté une augmentation de la phosphorylation des récepteurs aux glucocorticoïdes des cellules progénitrices d’oligodendrocytes traités par le clobétasol.
Une voie d’administration qui pose problème
La dernière preuve de concept a été apportée in vitro par un test positif sur des cultures de cellules progénitrices d’oligodendrocytes humaines. Il n’est cependant pas question de tester ces deux médicaments directement chez l’Homme. « Les formulations actuellement commercialisées de miconazole et de clobétasol sont exclusivement administrées par voie topique », explique au « Quotidien » le Pr Paul Tesar du département de génétique et de génomique de l’université Case Western Reserve. « Une administration par voie générale de miconazole et de clobétasol aurait des effets secondaires très importants, aussi nous la déconseillons fortement, poursuit le Pr Tesar. Il existe des molécules proches de ces deux médicaments, qui sont déjà commercialisées et autorisées pour une prise orale. Nous sommes raisonnablement optimistes dans le fait que, grâce à nos résultats, nous pourrons tester leur efficacité sur des patients dans un futur proche. »
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