ENTRE QUALITÉ des soins et économie de la santé, il y a souvent quelques contradictions. Et parfois non… C’est ce que tentent de démontrer deux études, l’une finlandaise et l’autre néerlandaise, au sujet du transfert d’embryon unique (TEU) en procréation médicalement assistée. Contrairement à ce qui est pensé communément, il apparaît que cette procédure est non seulement plus efficace mais aussi moins coûteuse que le double transfert d’embryon (DTE). Ces deux méthodes ont permis de diminuer la morbi-mortalité en limitant le nombre de grossesses multiples de la fécondation in vitro classique. Mais alors que le TEU donne moins de grossesses multiples encore que le DTE, de très nombreuses équipes obstétricales restent méfiantes et émettent des réserves quant à son efficacité. Selon eux, la technique aurait un taux de réussite plus faible, allongerait le délai pour obtenir la grossesse et coûterait au final plus cher.
Aussi efficace voire plus
Zdrakka Veleva et ses collègues de l’université d’Oulu, qui pratiquent le TEU dans leur service depuis 1996, ne partageaient pas ce sentiment. Pour le prouver, l’équipe finlandaise a comparé deux périodes, la première, ou période DTE, allant de 1995 à 1999, où le TEU était rarement effectué (4,2 %), et la seconde, ou période TEU, allant de 2000 à 2004, où sa réalisation s’était largement développée (46,2 %). À noter que l’équipe a opté pour des mesures cumulées, tenant compte à la fois des transferts d’embryons frais et d’embryons congelés. Ainsi sur la période DTE, 826 femmes ont eu 1 359 transferts d’embryons frais suivis de 589 transferts d’embryons congelés ; sur la période TEU, 684 femmes ont eu 1 027 transferts d’embryons frais et 683 transferts d’embryons congelés.
Il a été constaté de meilleurs résultats d’efficacité au cours de la période TEU, que ce soit sur les taux cumulés de grossesses et de naissances vivantes par ponction d’ovocytes, mais aussi sur le taux cumulé de naissance vivante par femme. La mortalité ftale pourrait être plus faible sur la période TEU en raison de grossesses multiples moins fréquentes. En effet, leur nombre a été divisé par deux ! Quant au taux cumulé de grossesse, il semble qu’il soit dû entre grande partie à la meilleure qualité des embryons congelés avec la méthode du TEU.
Et moins coûteux
Pour ce qui est du coût-efficacité, l’équipe finlandaise a calculé qu’une naissance à terme par TEU revenait, en moyenne, près de 20 000 euros de moins que par DTE. À cela, plusieurs explications. La technique du TEU donne de bons résultats d’implantation avec la cryopréservation, dont le coût est moindre que le transfert d’embryons frais. De plus, la prise en charge médicale est moins lourde avec le TEU, que ce soit au cours de la grossesse, en période néonatale et en unité de soins pédiatriques. Cet argument est repris par l’étude néerlandaise, dont les conclusions semblent de prime abord moins engagées. L’équipe d’Audrey Fiddelers de Maastricht a en effet étudié le coût-efficacité de 7 stratégies de fécondation in vitro. Fait le plus marquant, il est apparu qu’il n’y a aucun intérêt à combiner plusieurs méthodes. En revanche, entre les trois stratégies, soit fécondation in vitro classique, soit TEU, soit DTE, l’équipe néerlandaise ne s’est pas prononcée clairement. Si le TEU était le moins coûteux à court terme et probablement à long terme vu la plus faible morbi-mortalité d’une grossesse unique, les Néerlandais ont souligné l’importance de pondérer le choix sur des critères médicaux, en faisant référence à la supposée meilleure efficacité du DTE plus coûteuse. Ainsi à la lumière de l’étude finlandaise, il devient terriblement tentant de conclure que le TEU est la solution la plus raisonnable à tout point de vue. Sans compter que le bien-être de l’ensemble de la famille, quand tout va bien autour du bébé à naître, n’a pas de prix…
Human reproduction, volume I, numéro 1, p1-8,2 009.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature