«ØLE DÉCRET de 2010 part d’une bonne intention de la part du législateur. L’objectif était de faire le ménage dans le milieu des psychothérapies et d’éviter certaines dérives, notamment sectaires. Cet objectif a, aujourd’hui, été partiellement atteint. Mais le décret n’a pas permis d’aborder un problème essentiel, celui de la définition de la psychothérapie et de sa place dans le parcours de soins. En quoi la psychothérapie est-elle utile dans le parcours de soins ? Cette question n’a pour l’instant pas été abordée dans le débat public », indique le Pr Christophe Lançon.
Le décret du 20 mai 2010, modifié par celui du 7 mai 2012, stipule que l’inscription sur le registre national des psychothérapeutes est subordonnée à la validation d’une formation théorique en psychopathologie clinique de 400 heures au minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale correspondant à cinq mois. Les psychiatres sont dispensés de cette formation et peuvent donc automatiquement s’inscrire sur le registre. C’est également le cas, désormais, des psychologues qui peuvent tous faire usage du titre de psychothérapeute. Les psychanalystes, régulièrement inscrits dans leurs annuaires, doivent, eux, suivre une formation complémentaire en psychopathologie et en pratique clinique. Quand aux professionnels, déjà en exercice et pouvant justifier d’au moins cinq ans de pratique de la psychothérapie à la date du décret (2010), ils peuvent faire valider leur expérience devant une commission régionale. Et, au final, c’est le directeur-général de l’ARS qui donne ou pas l’autorisation de porter le titre de psychothérapeute.
« À l’ARS de PACA, le choix a été fait d’avoir une commission active qui ne se contente pas de se prononcer sur dossier, explique le Pr Lançon. Nous avons ainsi auditionné tous les postulants. Au total, nous avons retenu 29 % des dossiers qui nous avaient été présentés. Et je dois dire que j’ai été assez effaré par certaines candidatures de gens qui revendiquent le titre de psychothérapeute alors qu’ils apparaissent surtout comme des charlatans, parfois sans aucune formation. C’est assez préoccupant car on peut se dire que, même s’ils n’utiliseront pas ce titre, ces individus continueront certainement leur activité (parfois dans des structures ayant un caractère plus ou moins officiel) auprès de personnes en souffrance. »
La question de l’accès automatique.
Pour le reste, le Pr Lançon s’interroge. « Il n’aurait pas fallu, selon moi, que l’on permette un accès automatique à ce titre de psychothérapeute aux psychologues, ni même aux psychiatres. Dans la formation actuelle des psychiatres, en effet, il n’y a pas vraiment d’apprentissage de la psychothérapie : il aurait donc fallu que l’on réserve plutôt ce titre aux seuls praticiens ayant eu une formation complémentaire et une pratique supervisée pendant plusieurs années. Il aurait aussi et surtout fallu que l’on s’interroge de façon très précise sur la signification de ce titre car, aujourd’hui, il y a une confusion entre la psychothérapie, le soutien psychologique et le " counselling " », indique le Pr Lançon.
D’après un entretien avec le Pr Christophe Lançon, chef de service de psychiatre à l’hôpital Sainte-Marguerite, HP-HM, et membre de la Commission de l’ARS-PACA chargée d’étudier les demandes des postulants au titre de psychothérapeutes.
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