La sarcopénie est définie comme une diminution de la masse maigre et fait le lit de la dénutrition. Celle-ci entraîne une altération des grandes fonctions de l’organisme. Les données épidémiologiques montrent que cet état pathologique atteint une partie importante de la population, notamment les personnes âgées dépendantes et celles qui sont atteintes de pathologies chroniques. En France, la dénutrition s’observe ainsi chez 350 000 à 500 000 personnes âgées vivant à domicile et au minimum chez 100 000 à 200 000 sujets vivant en institution.
Conséquences cliniques
La symptomatologie de la dénutrition est sournoise, souvent silencieuse. Elle est en règle facilement diagnostiquée au stade des complications ou à un stade tardif lorsque les signes cliniques, en particulier les œdèmes, et biologiques, notamment l’hypoalbuminémie, sont évidents. Ses conséquences cliniques sont multiples : retard de cicatrisation et troubles trophiques, immunodépression, diminution de la masse et de la force musculaire, atteintes neurologiques périphériques et centrales, conséquences endocriniennes.
Mais il faut souligner que les symptômes comme les œdèmes n’existent que dans la forme ou la carence protéique est prédominante. Or cette forme clinique n’est pas la plus fréquente.
Le dépistage de la dénutrition doit donc être plus précoce. Il est fondé sur un faisceau d’arguments auxquels il faut savoir penser, en particulier dans certaines situations ou personnes à risque comme notamment la pauvreté, l’isolement, une polymédication, une denture inefficace, un alcoolisme, une hospitalisation, une maladie neuro-psychiatrique.
Ce dépistage peut être formalisé par un questionnaire tel que le Mini Nutritional Assessment (MNA), mis au point en 1994 par B. Vellas. Le suivi du poids et le MNA dans sa forme abrégée à 6 items permettent de dépister la dénutrition protéino-énergétique qui peut ensuite être confirmée par le MNA complet et des examens biologiques (albumine, CRP). Ce dépistage devrait être réalisé une fois par an en ville ou 1 fois par mois en institution et lors de chaque hospitalisation. Chez les personnes âgées à risque de dénutrition, une surveillance plus fréquente peut être décidée en fonction de l’état clinique et de l’importance du risque.
Une perte de poids récente de plus de 10 % en 6 mois, un indice de masse corporelle inférieur à 21 kg/m² doivent être recherchés, ce qui peut être difficile en l’absence de connaissance du poids antérieur et de difficulté de mesurer la taille. Les apports alimentaires doivent bien évidemment être évalués, ce qui peut être également difficile chez la personne âgée, compte tenu des difficultés éventuelles de mémorisation ou d’interrogatoire.
Paramètres biologiques
Parmi les paramètres biologiques, enfin, une albuminémie inférieure à 35 g/l après 70 ans signe la dénutrition modérée. Inférieure à 30 g/l, elle constitue un marqueur pronostic global péjoratif. La transthyrétine, quant à elle, est un reflet de la dénutrition à court terme, surtout avant 70 ans, l’albuminémie reflétant l’état nutritionnel des 20 derniers jours. Ces deux paramètres sont aspécifiques, et sont altérés en cas de pathologie hépatique ou de syndrome inflammatoire. Ils sont donc à rapporter au dosage de la protéine réactive C (CRP) et seraient surtout un bon marqueur de renutrition.
De nombreux autres critères anthropométriques ont été proposés. Ils mesurent indirectement la masse maigre, comme le périmètre brachial (inférieur à 22 cm chez l’homme et à 20 cm chez la femme) ou la circonférence de mollet (inférieure à 31 cm).
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