Une plateforme Internet proposant un deuxième avis médical sur Internet pour 295 euros fait débat sème la discorde ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
Validé par la CNIL, ce projet lancé par la société Carians permet à un patient ou à son médecin de solliciter à distance un avis spécialisé de « téléconseil personnalisé » (voire de téléexpertise) à partir de documents médicaux numérisés et transmis sur la plateforme.
Le service « www.deuxiemeavis.fr » s’adresse plus spécifiquement aux patients atteints de pathologies graves, rares ou invalidantes (cancers, ALD, opérations lourdes…). Une centaine de médecins experts sont à ce jour habilités à rendre cet avis en ligne dans un délai garanti entre 48 heures et une semaine.
Une coprésidente du CISS (association d’usagers), ainsi qu’une dizaine de médecins renommés figurent dans le conseil scientifique de « Deuxième avis » dont le Pr Laurent Degos, ancien président de la HAS, le Pr Didier Sicard, ex-président du Comité consultatif national d’éthique ou le Pr Pierre-Louis Druais, président du collège de médecine générale. Le Pr Druais a accepté d’expliquer au « Quotidien » pourquoi il soutient cette initiative. Entretien.
LE QUOTIDIEN : Comment avez-vous connu « Deuxième avis » ?
Pr PIERRE-LOUIS DRUAIS : Le Pr Laurent Degos m’a contacté pour me présenter le concept. L’idée est d’aider les patients à l’étranger ou qui vivent dans des territoires éloignés, mais aussi les personnes qui ont un problème de santé complexe en leur donnant un deuxième avis après analyse de leur dossier.
J’ai travaillé spécifiquement sur trois axes de réflexion, techniques, juridiques, et sur la responsabilité médicale. Quand on demande à un médecin de donner un avis, il faut respecter bien évidemment la confidentialité des données et les règles déontologiques et éthiques de non-concurrence vis-à-vis de ses confrères. Le dossier est anonymisé pour qu’il n’y ait pas de détournement de patients. On ne reconsulte pas les patients, il s’agit de téléconseil et de téléexpertise. Le patient fournit des données à distance (résultats d’examens, radios, IRM…) pour permettre au médecin expert de fournir une réponse écrite entre 48 heures et une semaine.
Y a-t-il selon vous une demande pour ce service ?
Il existe déjà des sites ou des forums où les gens échangent entre eux ou émettent des avis. La plateforme propose une intervention d’expert en 2e ou en 3e recours pour certaines pathologies lourdes. J’ai regardé plus particulièrement quelles étaient les limites déontologiques, juridiques, éthiques et technico-pratiques mais aussi contribué à élaborer le modèle du document de synthèse le plus performant possible pour permettre au médecin expert de rendre un avis étayé par les données de la science et les dernières recommandations. Cela fait six mois que l’on travaille dessus. Ce site est élitiste, avec des professionnels capables de faire de l’expertise à distance.
Le prix de cette prestation, 295 euros, fait déjà polémique...
Ce montant permet de payer l’infrastructure technique et informatique, les gens qui gèrent le dossier, les experts dans un délai court avec une exigence de réponse circonstanciée. Alors oui, 295 euros pour ce service, cela peut choquer mais ça me choque moins que devoir payer 500 euros pour une sommité en secteur privé à l’hôpital ! Je ne trouve pas indécent que des gens ayant des pathologies lourdes puissent avoir les avis médicaux les plus performants avec une caution scientifique et éthique. Des discussions sont ouvertes avec des mutuelles pour prendre en charge une partie de la prestation.
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