Cancer bronchique (CBNPC)

Un ITK ciblant la mutation T790M

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Publié le 02/06/2016
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La mutation EGFR est observée dans environ 10 % des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) en France (40 % en Asie). Elle est plus fréquente chez les non-fumeurs (40 %) que chez les fumeurs (7 %).

« En présence de cette mutation, le patient est traité en première ligne par un ITK anti-EGFR qui permet un contrôle de la maladie de 9 à 12 mois en moyenne avec près de 20 % des patients restant contrôlés à 2 ans », explique le Pr Christos Chouaid (CHI Créteil). Malgré une réponse clinique initiale, des résistances peuvent apparaître. Elles sont rarement retrouvées d’emblée (< 10 % des mutations EGFR initiales). Elles se sont le plus souvent secondaires et apparaissent après 3 mois de traitement.

La mutation la plus fréquente

« Près de 60 % des patients qui développent une résistance acquise à un ITK anti-EGFR présentent une mutation T790M, dite secondaire. C’est la mutation le plus fréquente, commune aux trois thérapies ciblées actuellement autorisées », souligne le Pr Chouaid.

Cliniquement, la progression du CBNPC chez les patients présentant une mutation T790M est plus lente. Afin d’identifier cette mutation, une nouvelle biopsie est généralement indiquée. Un test validé doit en effet être réalisé, en utilisant soit l’ADN tumoral provenant d’un échantillon de tissu, soit l’ADN tumoral circulant obtenu à partir d’un échantillon de plasma (beaucoup moins invasif, chez les personnes âgées notamment). « Si le résultat du test de l’ADN tumoral circulant est négatif : il faut alors réaliser un test tissulaire en raison du risque de faux négatifs. La biopsie liquide n’est pas encore assez spécifique », précise le Dr Christos Chouaid. Les échantillons tumoraux sont adressés à l’une des 28 plateformes de génétique moléculaire de l’INCA.

Un inhibiteur puissant, irréversible

Tagrisso (osimertinib) est un médicament issu de la recherche d’AstraZeneca qui a connu un développement très rapide, en moins de trois ans, au vu des résultats des études. Il exerce une activité inhibitrice puissante et irréversible vis-à-vis de l’EGFR sur un large spectre de lignées cellulaires du CBNPC présentant des mutations EGFRm et la mutation de résistance T790M. L’efficacité et la tolérance de Tagrisso ont été évaluées dans 2 études : AURA Extension (cohorte d’extension de phase II, n = 201) et AURA 2 (n = 210). Tous les patients atteints de CBNPC localement avancé ou métastatique, avec la mutation EGFR T790M, ayant progressé lors d’un traitement par ITK-EGFR, ont reçu Tagrisso 80 mg 1 fois par jour jusqu’à progression de la maladie ou survenue d’une toxicité inacceptable.

Le taux de réponse objective (critère principal) était respectivement de 61 % (IC 95 % : 54-68) dans AURA extension et de 71 % (IC 95 % : 64-77) dans AURA 2. « La survie sans progression de 12,3 mois dans AURA extension et de 9,9 mois dans AURA 2 », déclare le Pr David Planchard (Institut Gustave Roussy). « Quant à la tolérance, la majorité des effets indésirables étaient de sévérité de grade 1 ou 2 (diarrhées, rashs) ce qui permet d’obtenir une bonne observance. De plus, le comprimé de Tagrisso peut être pris avec ou sans nourriture (chaque jour à la même heure) ce qui facilite son administration », conclut-il. Tagrisso existe sous deux dosages 80 mg et 40 mg.

Conférence de presse organisée par AstraZeneca

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9501