EN GRÈVE mercredi et hier pour obtenir des revalorisations tarifaires, les sages-femmes libérales semblent satisfaites de l’ampleur prise par l’opération. Selon Élisabeth Tarraga, secrétaire nationale adjointe de l’ONSSF (Organisation nationale des syndicats de sages-femmes), « le mouvement est largement suivi pour ce qui est des soins à domicile. Nous ne souhaitions évidemment pas porter préjudice à la santé des patientes, si bien que l’activité en cabinet a été maintenue. Mais globalement, la grève a été bien comprise et suivie ». L’ONSSF n’est cependant pas en mesure de chiffrer le pourcentage de sages-femmes en grève parmi les 3 000 qui exercent en libéral (sur environ 17 000 sages-femmes au total).
Commentant l’attitude de l’UNCAM (Union nationale des caisses d’assurance-maladie) vis-à-vis de ce mouvement de grève, Élisabeth Tarraga estime que les caisses pratiquent « le silence radio », celles-ci s’étant contentées d’annoncer aux sages-femmes que des propositions leur seraient faites d’ici à la fin octobre, sans autre forme de précision.
Les sages-femmes libérales ont cependant un cahier de doléances assez précis, rappelle Françoise Bicheron, conseillère technique à l’ONSSF. Elles exigent tout d’abord une réévaluation de leur lettre clé (SF), bloquée depuis 2002. « Les sages-femmes n’ont pas à avoir une lettre clé d’un montant inférieur à celui des infirmières », précise-t-elle à ce sujet. De fait, la lettre clé des infirmières est cotée 3,10 euros, quand celle des sages-femmes en vaut 2,65. Les sages-femmes réclament la mise en place d’une CCAM technique sages-femmes, ainsi qu’une CCAM à compétence partagée entre les médecins et les sages-femmes. « Ces deux points constituent un préalable incontournable à toute reprise des négociations avec les caisses », continue Françoise Bicheron.
Mais chat échaudé craint l’eau froide, et au cas où les caisses resteraient sourdes à leurs demandes, les sages-femmes ont d’autres projets dans leur besace. « Si rien ne bouge, poursuit ainsi Françoise Bicheron, nous lancerons une autre opération d’une envergure supérieure dans les semaines qui viennent. Les sages-femmes sont souvent lentes à démarrer, mais ensuite leur colère ne connaît plus de bornes. Nous sommes capables de provoquer un embrasement de la profession similaire à celui de 2001 si l’assurance-maladie ne cède pas ».
Il apparaît avec cette grève que la solidarité interprofessions médicales n’est pas toujours un vain mot. Le Dr Philippe Chazelle, président de la CSMF pour la région Nord-Pas-de-Calais, a apporté en effet « son soutien plein et entier à l’appel à la contestation lancé par l’ONSSF, qui met en garde contre le démantèlement programmé de la profession ».
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