« Je suis extrêmement favorable à la délégation de tâches, mais farouchement opposé à toute idée de transfert de compétences : la compétence n’est pas transférable ». Le Président de l’Ordre des médecins, le Dr Michel Legmann tient farouchement à faire ce distinguo. « La confusion, dit-il, est trop souvent de mise. La compétence est personnelle, c’est celle qui est acquise par le professionnel de santé, le médecin ». En revanche, tout ce qui peut être fait dans le cadre d’une délégation de tâches pour soulager le médecin en ces temps de pénurie médicale, pour l’aider et lui permettre de se consacrer entièrement à sa mission médicale et aux soins est une bonne initiative.
L’Ordre des médecins a toujours été favorable à ce principe même de délégation de taches. Que « la sage-femme prescrive demain la pilule et soit un acteur de santé qui participe au suivi gynécologique de la femme, patiente qu’elle oriente ensuite vers le médecin si un problème est décelé, cela ne me choque pas, bien au contraire, affirme le Dr Legmann, et cela ne devrait pas contrarier non plus les gynécologues obstétriciens ». Ce qui n’est sans doute pas le cas des gynécologues médicaux. « Mais ils sont de moins en moins nombreux », balaie le Président de l’Ordre. N’empêche.
La délégation de tâches, poursuit-il, c’est aussi « un moyen d’élévation et de promotion pour le professionnel de santé qui veut donner un nouveau sens et un nouvel élan à sa carrière ». Et le Dr Legmann de citer le cas des orthoptistes qui participent au dépistage des troubles de la vue et qui soulagent l’ophtalmologiste ; c’est le cas aussi des manipulateurs radio qui font des radiographies ; c’est le cas également des infirmières libérales. A n’en pas douter le mouvement est en marche et pourrait s’accélérer au cours des prochains mois et des prochaines années.
Mais deux difficultés demeurent qui peuvent retarder que le processus en s’enclence rapidement.
D’abord, celle de la formation des professionnels de santé qui sont appelés à exécuter certaines tâches dévolues jusqu’alors aux médecins. Cette formation, selon l’Ordre des médecins doit être organisée sous l’égide des spécialistes concernés et elle doit elle validée par les sociétés savantes et la Haute autorité de santé.
Deuxième écueil : celui de la responsabilité. Qui en cas de problème ou de faute serait tenu pour responsable ? Le professionnel de santé ou le médecin qui accepte cette délégation de tache ? Rien n’est encore tranché, regrette le Dr Michel Legmann qui espère que des discussions entre la profession médicale, l’Ordre et les pouvoirs publics s’engageront très vite sur ce thème .
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