Dès la valeur de 115 mm Hg de pression artérielle systolique, le risque de maladie de la valve aortique s’accroît progressivement, selon une analyse d’une base de données britannique (UK clinical practice research datalink ) (1).
Un risque doublé au-delà de 161 mm Hg de PAS
Cette étude observationnelle longitudinale a porté sur 5,4 millions de personnes âgées de 30 à 90 ans, qui étaient indemnes de maladie cardiovasculaire, y compris valvulaire, à l’inclusion. Chaque augmentation de 20 mm Hg de la pression artérielle systolique (PAS) était associée à un risque additionnel de 41 % de sténose aortique, et de 38 % d’insuffisance aortique après un suivi moyen de 9 ans. Et comparativement aux sujets ayant une PAS < 120 mm Hg, ceux dont la PAS était supérieure à 161 mm Hg avaient un risque doublé de développer une sténose ou une insuffisance aortique.
Au cours de la période étudiée, le diagnostic de sténose de l’aorte a été porté chez 0,38 % des sujets, à un âge moyen de 64 ans, et celui d’insuffisance aortique isolée chez 0,12 % des personnes, à un âge moyen de 57 ans.
Les associations entre valeurs tensionnelles et risque d’atteinte valvulaire aortique étaient plus marquées chez les sujets les plus jeunes, mais sans différence selon le sexe ou l’indice de masse corporelle.
Les auteurs ont également analysé l’impact de la pression artérielle diastolique (PAD) sur ce risque, et ont retrouvé une association avec le risque de sténose aortique (augmentation de 24 % pour chaque élévation de 10 mm Hg de la PAD), mais pas de lien avec celui d’insuffisance aortique.
Cette étude a bien sûr des limites et ne permet pas de prouver le lien de causalité entre élévation de la PAS et atteinte de la valve aortique. L’élévation de la PAS pourrait en effet être le marqueur d’une pathologie sous-jacente. Une étude génétique est en cours pour mieux répondre à cette question.
Reconsidérer les statégies de prévention des valvulopathies
Dans un éditorial accompagnant cette publication, les Drs Stefano Masi et Alberto Giannoni soulignent qu’il s’agit toutefois de données solides, avant de rappeler que cette même équipe de chercheurs a récemment montré dans une étude similaire un lien entre les valeurs tensionnelles et le risque de régurgitation mitrale. Ils indiquent qu’au cours de ces dernières années, l’accent a été surtout mis sur le traitement de ces valvulopathies mais peu sur leur prévention et estiment que ces données devraient inciter à revoir les stratégies de prévention et notamment à mieux évaluer les fonctions et structures valvulaires chez les hypertendus (2).
(1) Rahimi K et al. Elevated blood pressure and risk of aortic valve disease: a cohort analysis of 5.4 million UK adults, by Kazem Rahimi et al. European Heart Journal.doi:10.1093/eurheartj/ehy486.
(2) Alberto Giannoni etStefano Masi . Arterial hypertension and the turbulent ageing of the aortic valve.European Heart Journal.doi:10.1093/eurheartj/ehy518
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