La dénutrition touche plus de 10 % des plus de 80 ans, 30 % des résidents en EHPAD et 50 % des patients âgés hospitalisés. Les nouveaux critères internationaux considèrent qu’il y a dénutrition en cas de perte de poids de 5 % en 6 mois ou de 10 % sur un an. De même, un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 22 est signe de dénutrition.
« Toute perte de poids involontaire est un signe qui doit alerter sur une dénutrition. Par ailleurs, des apports alimentaires insuffisants, c’est-à-dire inférieurs à 30 kcal/kg/j, doivent attirer l’attention sur ce risque », explique le Pr Marc Bonnefoy, chef de service de gériatrie aux Hospices civils de Lyon et membre de l’unité INSERM CarMeN.
En présence d’une pathologie chronique évolutive ou d’une pathologie inflammatoire, il faut également se préoccuper de ce risque. En effet, les patients souffrant de dénutrition lors de leur admission à l’hôpital tendent à rester hospitalisés plus longtemps, connaissent davantage de complications et présentent un risque accru de morbidité et de mortalité que ceux affichant un état nutritionnel normal.
Les causes de la dénutrition peuvent être multiples. « La personne peut avoir des problèmes bucco-dentaires, qui lui causent des difficultés pour manger. Elle peut aussi souffrir de troubles digestifs. Les personnes isolées, qui n’ont pas la force d’aller faire leurs courses ou de se préparer à manger, ou qui sautent le repas du soir, ont un risque élevé de dénutrition, de même que les personnes dépressives », détaille le Pr Bonnefoy.
Pour diagnostiquer la dénutrition, il faut peser la personne et calculer son IMC, puis faire un relevé alimentaire. Le statut à risque peut également être identifié grâce à des outils de dépistage validés comme le MNA (Mini-Nutritional Assessment). En l’absence de cause évidente, une pathologie sous-jacente devra toujours être écartée devant un amaigrissement : cancer digestif en particulier.
Enrichir l’alimentation
Une fois le diagnostic posé, plus la prise en charge est précoce, plus elle est efficace. « Il faut commencer par traiter si possible les causes de la dénutrition et en particulier celles qui conduisent à une diminution des apports : proposer des soins dentaires, épaissir l’alimentation en cas de troubles de la déglutition, apporter une aide fonctionnelle ou un matériel ergonomique pour l’aider à s’alimenter en cas de problèmes de praxie. Si c’est un problème d’isolement ou de difficultés à faire ses courses, il faut mettre en place une aide pour les courses et la préparation des repas, voire proposer un système de portage de repas, même si ce n’est pas l’idéal. Il faut aussi faire en sorte de rompre l’isolement de la personne et qu’elle ne mange pas seule », développe le Pr Bonnefoy.
Il faut également traiter les éventuelles douleurs et vérifier les effets secondaires anorexigènes de certains médicaments (antidépresseurs, antibiotiques, médicaments anticancéreux, etc.). Par ailleurs, il faut enrichir l’alimentation, afin d’augmenter les apports nutritionnels avec un même volume alimentaire. « Par exemple, une soupe enrichie avec de la crème et du fromage peut apporter jusqu’à 280 kcal. Une purée enrichie peut permettre de passer de 190 kcal à 500 kcal », illustre le Pr Bonnefoy. Enfin, quand les apports alimentaires restent insuffisants, il est possible d’avoir recours aux compléments alimentaires oraux. Ces compléments ne doivent cependant en aucun cas se substituer à l’alimentation normale et ils doivent être distribués à distance des repas, au moins 2 heures avant, pour éviter une sensation de réplétion.
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