Depuis longtemps préoccupé par la désertification médicale, Gérard Roche (photo) incrimine ses jeunes confrères. Interrogé, en octobre, par le journal "L’Éveil", sur la désertification médicale que connaît son département, la Haute-Loire, le sénateur de 71 ans - qui cumule avec son mandat de sénateur celui de Président du Conseil général - affirme péremptoire qu’« on ne peut pas vouloir être rémunéré comme en libéral et vivre comme un fonctionnaire ».
« Je trouve que la vocation de ce beau métier, elle n’y est pas toujours maintenant » déplore l’ancien médecin qui a débuté en tant que généraliste avant de s’orienter vers une carrière d’hospitalier et d’homme politique.
L’élu centriste oppose, dans ses propos, l’ancienne génération « pétrie d’altruisme » à la nouvelle génération, dixit « une toute autre race de médecins ». Mais il critique aussi, même si à mots couverts, la féminisation de la profession : « on ne travaille pas le mercredi parce que les gamins, il faut les garder ».
Des propos qui ont laissé les médecins du département pantois. Et pas seulement les jeunes. Une trentaine de professionnels de Haute-Loire réagissaient, à la fin du mois d’octobre, en se réunissant à l’initiative de deux syndicats, la CSMF et MG France, lors d’une conférence de presse. D’après Roland Rabeyrin, les confrères du département ont été « énormément irrités et heurtés » par les propos du sénateur. « Gérard Roche ne fait pas la description d’un métier mais d’un sacerdoce » affirme le responsable MG France 43 qui déplore l’attitude de l’élu local qui ferait, selon lui, l’impasse sur les nouvelles réalités du métier, à savoir « le suivi des pathologies chroniques, le travail de prévention et l’éducation thérapeutique ».
«Conventionner là où il y a besoin»
Les jeunes praticiens du SNJMG se sont sentis particulièrement visés par les attaques verbales du sénateur et ont même demandé à le rencontrer « pour l’informer sur la réalité de l’exercice de la médecine en 2013 ». Ils craignent, en effet, que ses propos puissent décourager les nouvelles installations dans le département.
Polémique sur les jeunes médecins, qui ferait presque passer sous silence d’audres audaces du sénateur Roche. Dans le même interview, l’élu auvergnat rallume le débat sur la liberté d’installation. Huit mois après un rapport sénatorial qui plaidait pour une régulation des installations, il insiste : «Il faut conventionner là où il y a besoin (...) et qu’on déconventionne là oû il y en a assez,» dit-il, risquant une métaphore entre médecins libéraux et enseignants : « Quand quelqu’un fait un Capes ou une Agreg’ pour être enseignant, la première année il va partir à Créteil et reviendra sept ou huit ans après. Les gens ne choisissent pas leur nomination quand ils sont dans un service public.»
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