Les fibromes utérins sont des tumeurs solides bénignes extrêmement fréquentes, atteignant plus de 50 % des femmes caucasiennes de plus de 30 ans. « Les femmes d'origine afro-caribéenne sont plus touchées. 70 % des fibromes sont asymptomatiques », explique le Pr Philippe Descamps (CHU Angers).
Les symptômes les plus fréquents sont les ménorragies pouvant entraîner une anémie par carence martiale. Les fibromes utérins peuvent également entraîner des symptômes compressifs (pollakiurie, constipation), une pesanteur ou des douleurs pelviennes et être responsables d’une infertilité.
L'ulipristal acétate (Esmya) est un modulateur sélectif des récepteurs de la progestérone (SPRM), administré par voie orale de façon quotidienne à la posologie de 5 mg en cures de 3 mois. Ce médicament a obtenu l’AMM en France pour un traitement de trois mois, renouvelable une fois. Seule la première cure est remboursée. L’ulipristal acétate agit en bloquant de façon réversible les récepteurs à la progestérone, ce qui a pour effet d’entraîner l’apoptose des fibromes. Il entraîne également un arrêt rapide des saignements permettant une correction de l'anémie, ce qui est d’autant plus important qu’il a bien été montré qu’une anémie préopératoire augmentait la morbidité. L’ulipristal acétate permet également une diminution du volume des fibromes qui peut permettre de faciliter le geste chirurgical.
Opérations différées
L'étude observationnelle Premya a été conduite en Europe chez 1 500 femmes préménopausées, ayant des fibromes utérins symptomatiques, qui devaient toutes être opérées. Elles ont reçu 5 mg d'ulipristal acétate par jour pendant 3 mois et ont été suivies pendant 15 mois. 70 % de ces patientes n'ont finalement pas été opérées 6 mois après l’arrêt du traitement. À un an de suivi, 50 % des patientes n’étaient toujours pas opérées. « L’ulipristal acétate devrait permettre d’éviter la chirurgie dans un nombre non négligeable de cas et les patientes sont opérées dans de meilleures conditions », déclare le Pr Descamps.
Un traitement séquentiel efficace à long terme
L’étude PEARL IV est une étude randomisée en double aveugle, multicentrique, menée chez 450 patientes présentant des fibromes utérins afin d’étudier l’efficacité et la tolérance d’un traitement séquentiel d’ulipristal acétate 5 ou 10 mg au long cours. Elles ont reçu quatre cycles de traitement de trois mois avec un espacement de deux mois entre deux cycles. Il y a eu une diminution rapide des saignements dans 9 cas sur 10. Les douleurs ont diminué, la qualité de vie a été améliorée. L’effet sur le volume des fibromes a été potentialisé avec la répétition des cures.
Effets indésirables
L'ulipristal acétate agit sur tous les types de fibromes quelle qu'en soit la localisation. Il peut entraîner une hypertrophie endométriale ainsi que des modifications histologiques spécifiques aux SPRM, dénommées PAEC (progesterone modulator associated endometrial changes). « Ces modifications sont réversibles à l’arrêt du traitement et diminuent avec la répétition des cures. Ces données sont donc rassurantes », précise le Pr Philippe Descamps.
Les effets secondaires de l’ulipristal acétate sont mineurs. Les plus fréquents sont les bouffées de chaleur ainsi que les céphalées, qui surviennent dans moins de 10 % des cas et s’estompent avec la répétition des cures (étude PEARL IV). « L’ulipristal acétate a obtenu une AMM européenne pour le traitement séquentiel au long cours des symptômes liés aux fibromes utérins. C'est la première fois, dans le traitement des fibromes utérins qu'un médicament inhibe la prolifération cellulaire. Pour une pathologie aussi fréquente, disposer d’un tel médicament représente une grande avancée thérapeutique », déclare le Pr Descamps.
D'après un entretien avec le Pr Philippe Descamps (chef de service au CHU d’Angers, auteur du livre « Docteur, j’ai encore une question » Editions Larousse)
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