La coloscopie est un remarquable examen de dépistage du cancer colorectal, bien que sa sensibilité ne soit pas de 100 %. Dans des populations sélectionnées, elle permet de diminuer de 50 à 80 % le risque de développer un cancer colorectal, témoignant de sa capacité de prévention de ce cancer. Surtout, la coloscopie est le seul examen colorectal permettant un traitement en même temps que le diagnostic, par l’ablation des adénomes. Elle reste cependant un examen invasif, quasi exclusivement réalisé sous anesthésie générale en France, avec un risque de complications de 1/1 000 examens, qui s’additionne à celui de l’anesthésie chez certains patients. Sa lourdeur explique que son taux de réalisation dans le cadre d’études de dépistage en population générale ne soit que de 20 % environ, et de 40 % dans la population à haut risque de cancer colorectal.
Les alternatives à la coloscopie sont importantes pour le dépistage en population générale, actuellement réalisé par le test fécal immunologique, avec une couverture nationale de la population cible de 30 % en moyenne. Proposer plusieurs modalités de dépistage pourrait améliorer cette couverture. Les alternatives devront être discutées aussi pour le dépistage des sujets à haut risque, si l’on veut que 100 % des personnes fassent un examen (ce taux est aujourd’hui de 40 % pour les personnes ayant un antécédent familial au premier degré de cancer ou d’adénome colorectal), mais cela n’est pas encore d’actualité.
Une sensibilité de 90 % pour les polypes de 6 mm
La capsule colique est une caméra sans fil, emportée dans une capsule de 27 mm de long avec 2 caméras d’acquisition à ses 2 extrémités. Cette capsule s’avale facilement sauf exception. Un double film (caméra avant et arrière) est réalisé en continu et transmis à un récepteur externe. Ce film de qualité remarquable permet de reconnaître les polypes colorectaux avec une vision assez proche de la coloscopie, et bien entendu, les tumeurs colorectales. Il permet aussi le diagnostic d’autres anomalies colorectales : angiodysplasies, diverticules, maladie inflammatoire. La capsule a de nombreux avantages, en particulier, celui d’exclure le risque de perforation et ceux de l’anesthésie. Selon quatre études internationales la capsule colique a une sensibilité de l’ordre de 90 % pour la détection de polypes d’au moins 6 mm de diamètre, dans le cadre du dépistage du cancer colorectal. Elle garde un inconvénient important : la préparation colique est au moins aussi importante puisque nous ne pouvons pas réaliser un « lavage » des selles résiduelles comme lors d’une coloscopie.
Trois indications validées
La capsule colique a été largement pratiquée en France ces dernières années, dans le cadre de travaux de recherche d’abord, puis dans une grande cohorte nationale impliquant 124 centres, dans le but d’évaluer sa pratique en cas de contre-indication à l’anesthésie, d’impossibilité de terminer la coloscopie du fait de boucles irréductibles lors de l’examen (5 % des coloscopies), et en cas de refus clair de la coloscopie après explications du gastroentérologue. Ce travail en cours d’analyse a permis d’inclure en 3 ans 1 200 personnes. Il a révélé un besoin pratique d’alternative à la coloscopie dans ces situations et a permis de former à cet examen de nombreux gastroentérologues. Une procédure de reconnaissance de la capsule colique, puis de remboursement, est en cours auprès de la HAS dans ces 3 indications validées par les hépatogastroentérologues.
Quel avenir ?
L’indication la plus réaliste à court terme concerne les patients fragiles pour lesquels, dans des situations justifiant un examen du côlon, une anémie, un saignement extériorisé, ou un bilan prégreffe, se pose la question d’éviter un examen plus lourd, nécessitant une anesthésie forcément plus à risque. La capsule colique a, dans ces conditions, toutes les qualités : sensibilité très acceptable, qualité d’image, quasi-absence de risque médical. En rappelant cependant les contre-indications : sténose digestive longue (maladie de Crohn et grêle radique en particulier). La capsule colique n’a pas de bon concurrent dans ces indications, car la coloscopie virtuelle est mal validée en cas de contre-indication à l’anesthésie, et ne fait pas l’objet d’un consensus du fait de résultats souvent médiocres liés à l’expérience hétérogène des radiologues. En revanche, l’exploration du côlon sans endoscope dans le cadre des différents dépistages (population générale et population à haut risque) devra attendre. Même si l’alternative est très séduisante, il reste des problèmes importants à résoudre : le coût de la capsule principalement, pour une utilisation en population générale, mais aussi son acceptabilité, à la fois en population générale et en population à haut risque. Des études restent donc à réaliser dans ces situations, même si l’on peut parier qu’un jour ce type d’endoscopie sans anesthésie occupera une place importante voire majeure dans notre pratique.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature