D’incontestables progrès ont été réalisés ces trente dernières années dans la prise en charge du diabète insulino-traité, notamment avec le développement et la mise sur le marché d’insulines synthétiques reproduisant au mieux la sécrétion d’insuline endogène, de stylos injecteurs de plus en plus performants et de lecteurs de glycémie high-tech. Une étape a encore été franchie avec les pompes à insuline. Mais la dernière décennie a ouvert une autre voie tant attendue et espérée avec la mise au point du pancréas artificiel, qui devrait résoudre deux problèmes majeurs quotidiens des patients insulino-traités : la qualité de vie et le contrôle glycémique, avec les risques d’hypo- et d’hyperglycémie si redoutés.
Une étude en vie réelle de un mois : des résultats probants
Aujourd’hui, l’utilisation thérapeutique d’un pancréas artificiel portable en ambulatoire est une réalité, même si elle reste au stade de l’expérimentation chez l’adulte et l’enfant.
De nombreuses équipes scientifiques développent ainsi des algorithmes performants capables de recevoir les données du capteur et de les interpréter pour calculer directement la quantité d’insuline à injecter.
L’un de ces algorithmes a été utilisé dans l’une des études les plus longues jusqu’ici réalisée en vie réelle pendant un mois après plusieurs essais sur de plus courtes périodes (durant la nuit exclusivement, d’abord en milieu hospitalier...) pour tester son efficacité et sa sécurité : vingt adultes ont été équipés d’un pancréas artificiel et ont repris une vie normale pendant un mois. Cette étude confirme la réduction de survenue d’hypoglycémies nocturnes et son effet rémanent dans la journée, observés dans les essais antérieurs. Elle démontre, en outre, l’extension du bénéfice lors d’une utilisation 24h/24, 7j/7.
Les résultats très attendus d’une étude sur 6 mois
L’étude euro-américaine, débutée fin 2016, va permettre de tester en vie réelle sur 6 mois le traitement du diabète avec un pancréas artificiel chez plus de 200 patients DT1. Les objectifs sont d’établir l’efficacité et la sécurité du contrôle de la maladie de façon prolongée avec ce dispositif, avant sa commercialisation. Les premiers pancréas artificiels disponibles en 2017 ? Tout porte à le croire...
En pratique
Les principales préoccupations des patients diabétiques sont de restreindre les fluctuations glycémiques et surtout d’éviter les hypo- et hyperglycémies. Les résultats des premiers essais avec le pancréas artificiel montrent qu’aujourd’hui, nous sommes capables, avec ce dispositif, de maintenir la glycémie dans la zone de sécurité très proche de la norme, dans 90 % du temps la nuit et 75 % du temps sur l’ensemble du nycthémère.
C’est donc un véritable soulagement pour les patients et pour les parents d’enfants DT1, avec une amélioration indéniable de leur qualité de vie. Sans compter que, sur le plan médical, il est noté une diminution du taux d’HbA1c, que l’étude sur 6 mois devra confirmer.
Le pancréas artificiel : une insulinothérapie en boucle fermée Le pancréas artificiel se compose d’une pompe qui remplace les injections quotidiennes d’insuline, de capteurs de glucose, permettant de mesurer le taux de glucose en continu, libérant les patients des contrôles glycémiques au bout du doigt et... un logiciel : pièce maîtresse, ce logiciel va, en effet, prendre en compte les informations du capteur de glucose et calculer, en fonction de la glycémie, la quantité d’insuline que la pompe doit envoyer pour maintenir une glycémie dans les limites de la normale. Depuis 2011, les logiciels peuvent être hébergés dans les smartphones et le seront même directement dans les pompes, option qui sera retenue lors de la commercialisation des premiers pancréas artificiels. Le pancréas artificiel associe donc : – la mesure de la glycémie en continu ; – le calcul de la dose d’insuline nécessaire pour que la glycémie reste normale ; – la transmission des messages à une pompe qui injecte de l’insuline. Il s’agit d’une insulinothérapie en boucle fermée, c’est-à-dire que l’insuline envoyée par la pompe va faire changer la glycémie qui, elle-même, va réguler la quantité d’insuline administrée. |
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