Deux cent vingt-huit milliards : bigre ! Le nombre fait frémir. Ce qui ne signifie pas pour autant que si nous avions préféré les filières fuel, gaz ou charbon, les installations que nous aurions construites n’auraient pas, au total, coûté aussi cher. Le rapport tient compte de toutes les dépenses directes et indirectes qui forment le prix de revient réel de l’électricité nucléaire ainsi que les surcoûts entraînés par la nouvelle filière EPR, l’enfouissement des déchets et le démantèlement final. Il montre qu’à 35 euros le mégawatt-heure, nous payons largement moins cher que le coût de revient, qu’il évalue à 49,50 euros. Les auteurs du document insistent aussi sur l’investissement très élevé que représenterait le remplacement, d’ici à 2022, des centrales qui auront atteint l’âge de 40 ans, soit 22 réacteurs sur un parc total de 58 (il faudrait construire 11 EPR en dix ans), et jugent nécessaire de prolonger la durée de vie des vieilles centrales.
Trois principes.
Dans ces conditions, une politique de démantèlement relativement rapide de nos réacteurs telle qu’elle est annoncée dans le projet de François Hollande, qui veut ramener de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans notre production d’électricité, est-elle financièrement possible ? Inversement, sommes-nous piégés par le choix du nucléaire que nous avons fait il y a quarante ans ? Ce qui est certain, c’est que nous n’aurons jamais de croissance si nous ne disposons pas d’une énergie abondante à un prix aussi bas que possible.
Premier principe qui pourrait faire consensus : il faut profiter du vieillissement des centrales nucléaires pour accroître la part du solaire et de l’éolien dans le mix énergétique. Deuxième principe : rentabiliser au maximum le parc nucléaire en prolongeant la vie des réacteurs. Troisième principe : admettre sereinement que le prix de l’électricité va augmenter en France dans les années qui viennent, soit parce que nous allons investir dans les nouvelles filières, soit parce que nous construirons des EPR.
On le voit, le rapport nous offre les mêmes choix que ceux que nous avions avant sa publication. La vraie question n’est pas celle du prix, c’est celle de la variété des sources d’énergie. Si nous abandonnons précipitamment la filière nucléaire, les énergies alternatives seront-elles suffisantes ? Il serait peut-être raisonnable d’amortir nos dépenses en donnant une décennie de vie supplémentaire aux réacteurs atomiques, ce qui nous permettra d’investir dans les filières d’énergie renouvelable et sans gaz à effet de serre.
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