La cardiologie dispose de son troisième Livre blanc : après 1 996 et 2000, ce
nouvel opus de 400 pages, réalisé notamment avec une délégation du Syndicat national des spécialistes des maladies du cur et des vaisseaux (SNSMCV), projette la spécialité à l’horizon 2 015. Composé en trois parties (partenariat entre le malade et le cardiologue, conditions de l’exercice professionnel, contrat avec la société), l’ouvrage dresse un panorama exhaustif de la spécialité et présente surtout une batterie de propositions censées permettre à la cardiologie libérale de trouver sa place dans un système de soins en profonde mutation.
En préambule, le Livre Blanc s’inquiète d’une réforme de la santé qui marginaliserait la médecine spécialisée libérale de proximité dont la cardiologie. « La loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires aura des impacts considérables sur notre système de santé. Tout ou presque y est remis en question » peut-on lire à propos de la gestion du risque, de la politique conventionnelle, de l’organisation de la médecine ambulatoire mais aussi hospitalière, des modes d’exercice, de la régulation de la démographie ou encore de l’édifice de la FMC et de l’EPP…
Face aux enjeux économiques et démographiques (ses effectifs vont baisser de 15 % d’ici à 2 020), confrontée à la montée en puissance des pathologies chroniques, la cardiologie libérale ne veut pas subir. Une dizaine de mesures sont mises en avant.
La première, la création d’un conseil national professionnel de cardiologie permettant à la discipline de parler d’une seule voix (critères de qualité, dialogue institutionnel, accréditation…) est d’ailleurs effective depuis 2008.
L’ouvrage suggère « d’accompagner la nouvelle citoyenneté du patient cardiaque », un malade de plus en plus informé et exigeant : cet objectif passe notamment par un volet « risque cardiovasculaire » dans le futur dossier médical personnel ou l’extension du bénéfice de la consultation de prévention pour les patients à risques.
Un secteur « qualité plus »
À l’heure où les partenaires conventionnels négocient (en priorité pour les spécialités de plateaux techniques) les termes d’un secteur optionnel, le Livre blanc suggère de négocier pour les cardiologues volontaires un secteur « qualité plus » valoriséincluant des exigences renforcées sur des objectifs de santé publique, de suivi des malades chroniques, de maîtrise médicalisée…
Afin de pallier les conséquences du déclin démographique, la spécialité propose d’actionner trois leviers : la délégation de tâches à des paramédicaux formés ; le principe d’un séjour en établissement privé pour découvrir la cardiologie libérale dès la formation initiale ; enfin un statut avantageux en cas de cumul retraite/activité partielle.
Côté rémunération, et sans renier le paiement à l’acte, la cardiologie libérale se dit prête à explorer « progressivement » les paiements forfaitaires mais aussi « à la performance » (sur objectifs). La profession se propose enfin de conduire des expériences d’initiative libérale d’éducation thérapeutique du patient (EPT) et de « disease management » (accompagnement des malades, coaching, rééducation…). Ce qui suppose sans doute des cabinets de groupes plus importants favorisant la coopération interprofessionnelle (association de plusieurs cardiologues, réseaux de correspondants, professionnels paramédicaux…). Le Livre Blanc suggère ainsi la création d’une ou plusieurs Maisons du Cur dans les prochaines années.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature