La fiche technique rappelle en préambule la diversité de la population à la peau noire, à la fois génétique, y compris pour certains gènes impliqués dans l'HTA, environnementale (accès aux soins) et socioculturelle (alimentation et mode de vie).
D'un point de vue épidémiologique, on assiste à une augmentation de la prévalence de l'HTA en Afrique subsaharienne, conséquence de l'évolution du mode de vie, dont la prise en charge reste actuellement très limitée. En dehors de cette zone géographique, l'HTA chez les sujets à peau noire est précoce, mal contrôlée, compliquée, associée au surpoids et au diabète en particulier chez les femmes, et favorisée par les difficultés socio-économiques. L'HTA masquée et nocturne est fréquente.
L'hyperaldostéronisme et des variations génétiques en cause
Au niveau des étiologies, on note une plus grande prévalence de l'hyperaldostéronisme primaire ainsi que des variants génétiques du gène de l'apolipoprotéine 1 (APOL1), qui confèrent une résistance à la trypanosomiase mais sont associés à des néphropathies glomérulaires secondaires et une hypertension artérielle sans maladie rénale. En présence de deux allèles délétères de l'APOL1, néphro-angiosclérose et hyalinose segmentaire et focale sont plus fréquentes et plus rapidement évolutives. « Ceci souligne l'importance du contrôle de la pression artérielle dans cette population », a précisé le Pr Olivier Steichen.
Les patients hypertendus à peau noire ont une plus grande vulnérabilité cardiovasculaire. Après ajustement sur l'âge et le sexe, l'hypertrophie ventriculaire gauche, les accidents vasculaires et les morts subites sont plus fréquents. Une différence qui découle en partie seulement des spécificités de l'HTA, volontiers plus ancienne, moins bien contrôlée, avec des mesures cliniques qui sous-estiment les valeurs tensionnelles, et associés à l'obésité.
Absence de valeurs cibles spécifiques
À part l'International society on hypertension in blacks, qui a proposé en 2010 des objectifs tensionnels < 135/85 mm Hg en l'absence de complications et < 130/80 mm Hg en cas de complications, les sociétés savantes ne préconisent pas de valeurs cibles spécifiques. En revanche, elles placent en priorité de santé publique le diagnostic de l'HTA en Afrique et l'atteinte des objectifs conventionnels partout dans le monde. En termes de prise en charge médicamenteuses, certaines particularités sont rappelées dans la fiche technique. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) sont moins bien tolérés, avec plus de toux et d'angio-oedèmes, et les IEC, les sartans et les bêtabloquants sont moins efficaces en monothérapie, avec une forte variabilité interindividuelle. Les monothérapies par IEC et les plurithérapies avec IEC sans thiazidique ou inhibiteur calcique sont moins efficaces pour réduire la morbimortalité (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque). IEC, sartans et bêtabloquants sont nécessaires dans les plurithérapies et dans les indications préférentielles classiques.
Aux Antilles, la prévalence de l'HTA est similaire à la métropole chez les travailleurs salariés, avec une forte association entre les conditions socio-économiques défavorables, la sédentarité et l'obésité chez les femmes, rendant nécessaires des interventions de santé publique multimodales.
Chez les femmes à peau noire, la pression artérielle tend à être plus élevée avant la grossesse, avec une diminution moindre en début de grossesse et une augmentation plus précoce et plus marquée ensuite ; HTA chronique et gravidique sont plus fréquentes. Dans les pays à hauts revenus, la pré-éclampsie est plus fréquente chez les femmes afro-américaines et d'origine subsaharienne. De même, la cardiopathie du péripartum est 16 fois plus fréquente et souvent compliquée (insuffisance cardiaque, recours à une greffe et décès).
D'après la communication du Pr Olivier Steichen (Paris)
(1) http://www.sfhta.eu/wp-content/uploads/2017/12/SFHTA_Fiche_technique_HT…-
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