« NOUS SOUHAITONS nous engager vers un thermalisme médical et être reconnus comme un acteur de santé efficace et incontournable, avec un véritable statut. » Telle est la feuille de route du Conseil national des établissements thermaux (CNETH), résumée en quelques mots par son président Thierry Dubois. Créé en 2002, le CNETH regroupe l’ensemble des 105 stations thermales françaises, dont il défend les intérêts auprès des pouvoirs publics. À commencer par l’assurance-maladie, avec laquelle les relations ont parfois été délicates.
Retour en arrière : en 1999, la Caisse nationale des travailleurs salariés (CNAMTS) publie un rapport qui fait frémir le milieu du thermalisme en recommandant le déremboursement de certains soins thermaux pris en charge par la Sécurité sociale. Dans ce même rapport, la CNAMTS appelle également à initier une démarche d’« expertise de l’éventuel service médical rendu par les cures thermales correspondant aux orientations dont le remboursement est prononcé ». Sachant que les cures thermales remboursées par l’assurance-maladie représentent l’essentiel du chiffre d’affaires total des établissements thermaux, cette nouvelle menace de déremboursement sonne alors comme un électrochoc pour le secteur.
La signature en décembre 2002 d’une convention nationale thermale de cinq ans entre l’assurance-maladie et les acteurs du thermalisme a ensuite permis d’établir une nouvelle dynamique entre les deux parties. Depuis, les établissements thermaux se sont engagés dans une démarche de démonstration du service médical rendu (SMR) de leurs soins conventionnés en finançant la réalisation d’études scientifiques indépendantes. En plus d’un « engagement total » dans le SMR, le CNETH souhaiterait compléter son action par la réalisation d’évaluations médico-économiques pour « comparer le coût du thermalisme par rapport à d’autres traitements » et déterminer si le thermalisme peut être ou non source d’économies pour le système de soins, explique Thierry Dubois. Problème : les caisses d’assurance-maladie, qui demeurent les seules à même de réaliser ce genre d’études, ne souhaitent pas actuellement se lancer dans ce « gros travail ».
La piste santé publique.
Convaincu que l’avenir du thermalisme passe aussi par l’élargissement des orientations thérapeutiques thermales, le CNETH désire aujourd’hui « s’engager dans des thèmes de santé publique ». Fixé par l’arrêté du 1ER août 2006, un avenant à la convention nationale thermale de 2002 prévoit d’ailleurs que soient proposées « d’éventuelles évolutions concernant la prévention, les soins de suite et l’accompagnement du vieillissement ». L’idée naît d’un constat : « En station, on a les curistes pendant trois semaines. Ils sont occupés jusqu’à trois heures par jour pour les soins, ce qui nous laisse du temps pour développer des orientations thérapeutiques complémentaires », souligne Thierry Dubois. « Nous sentons auprès de nos interlocuteurs institutionnels un réel soutient de notre démarche en ce sens, mais le volet financement n’a pas encore été abordé », ajoute le président du CNETH. « Les établissements thermaux sont volontaires pour s’engager dans l’éducation thérapeutique, la prise en charge de certaines maladies chroniques voire les soins de suite. (…) Quelques stations thermales sont aujourd’hui prêtes à expérimenter cette démarche et en supporter partiellement les dépenses », confie le président du CNETH.
Tandis que l’actuelle convention quinquennale avec l’assurance-maladie arrive à échéance le 31 décembre 2012, le CNETH entend faire de ce dossier un axe important en perspective de la prochaine convention nationale thermale. Cette orientation santé publique du thermalisme pourrait également susciter l’intérêt des complémentaires santé. « Je crois que les choses vont évoluer naturellement. Si nous mettons en place les nouvelles prises en charge thermales, nous pourrons aller discuter avec les mutuelles et assurances privées. Et peut-être passer des conventions, soit dans une orientation ou directement avec un établissement thermal en fonction de l’efficience de sa prise en charge et des résultats qu’il obtient », envisage Thierry Dubois, qui croit en « une véritable révolution avant 10 ans ».
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