Les mécanismes physiopathologiques du syndrome de l’intestin irritable (SII) sont multiples (troubles de la motricité digestive, hypersensibilité viscérale, micro-inflammation intestinale, rôle du microbiote et des anomalies des contrôles de la douleur). Un rôle de l’alimentation est aussi suggéré : les deux tiers des patients remarquent un lien temporel ou une exacerbation des symptômes en rapport avec l’alimentation (1).
Les aliments le plus souvent impliqués sont, pour les produits d’origine animale : la crème (37 %) et le lait (30 %), responsables de douleurs et selles liquides, pour les fruits et végétaux : le choux (57 %), l’oignon (56 %) et les pois et haricots (46 %), à l’origine de gaz, de douleur et de distension. Des études récentes menées en Australie ont montré que certains sucres et hydrates de carbone (fructose, édulcorants type sorbitol), dits fermentescibles (« Fermentable Oligo-, Di-, and Monosaccharides, And Polyols » ou FODMAPs), utilisés par l’industrie agro-alimentaire mais également présents sous forme naturelle dans de nombreux aliments, pouvaient favoriser les symptômes du SII, par un effet osmotique au niveau iléal et par une modification de la production de gaz par les bactéries au niveau colique (2). Le fructose est présent dans les pommes, les poires, le miel, les jus de fruits, les fruits secs, le lactose dans le lait et les produits laitiers. Les polyols sont souvent ajoutés dans les préparations industrielles, notamment hypocaloriques. Les galactanes (galacto-oligosaccharides ou GOS) et les fructanes (fructo-oligosaccharides ou FOS) sont présents dans les préparations à base de farine mais aussi dans certains légumes. Une malabsorption d’au moins un de ces sucres est très fréquente, notamment en cas de SII.
Une amélioration des symptômes chez 70 % des patients
Plusieurs études randomisées (3) ont suggéré le bénéfice d’un régime pauvre en FODMAPs sur les symptômes. Dans l’une d’entre elles, menée en Australie chez 30 patients dont 13 avec SII-C (SII avec constipation), la consommation moyenne de FODMAPs était autour de 16 g par jour, sans différence entre les patients avec SII et les sujets sains (4). Le régime pauvre en FODMAPs (moins de 0,5 g par repas) a eu un effet bénéfique sur un score global ainsi que sur les douleurs, les ballonnements, les gaz, et a entraîné des modifications du microbiote (5). Cette amélioration constatée chez 70 % des patients semblait concerner aussi bien les SII-D (SII avec diarrhée) que les SII-C, mais des modifications plus objectives des selles (nombre, consistance, poids et contenu en eau) n’étaient obtenues que dans les SII-D (4). Ces résultats sont encourageants dans une maladie où les traitements ont souvent une efficacité modérée.
L’intérêt du régime pauvre en FODMAPs doit cependant être nuancé, car une étude randomisée suédoise (6) vient de montrer que des conseils diététiques simples semblent aussi efficaces à un mois sur les symptômes, et on ne sait pas si les effets à long terme de ce régime sur le microbiote sont bénéfiques ou non.
(1) Simren M et al. Digestion 2001;63:108-15
(2) Staudacher HM et al. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 2014;11:256-66
(3) Staudacher HM et al. J Nutr 2012;142:1510-18
(4) Halmos EP et al. Gastroenterology 2014;146:67-75
(5) Halmos EP et al. Gut 2015;64:93-100
(6) Böhn L et al. Gastroenterology 2015 pii: S0016-5085(15)01086-0. doi: 10.1053/j.gastro.2015.07.054. [Epub ahead of print]
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