« Les grands, et surtout les très grands prématurés nés avant la 28e semaine d’aménorrhée ont une surmorbidité respiratoire à moyen et long terme. Ce devenir dépend du degré de prématurité et de la présence d’une dysplasie bronchopulmonaire », résume la Dr Alice Hadchouel-Duvergé de l’hôpital Necker (APHP). La dysplasie bronchopulmonaire (DPB), caractérisée par des besoins en oxygène au-delà de la 36e semaine d’aménorrhée (SA), est en effet un facteur aggravant. Or elle est fréquente : 26 % avant la 27e SA et 5 % de la 27e à la 31e dans la cohorte Epipage 2.
Premières années de vie : hospitalisations et asthme
Chez le nourrisson et dans les trois premières années de vie, prématurité et DPB majorent le risque de réhospitalisation pour cause pulmonaire. Durant la première année, dans la cohorte Epipage 1, 50 % des prématurés étaient réhospitalisés ; parmi ceux ayant évolué vers une DBP, ce taux s’élevait à près de 60 %. Pour la moitié de ces hospitalisations, le motif était une cause respiratoire (1).
Passé la petite enfance, après l’âge de 3 ans, l’hyperactivité bronchique et l’asthme dominent. Dans les grandes cohortes, le risque d’asthme est multiplié par 2 à 2,5 à l’âge de 5 ans et à 11 ans chez les très grands prématurés (2). Ce risque est surtout lié à l’existence d’une DBP (3).
Adolescents et adultes : asthme, essoufflement, moins bonne fonction pulmonaire
Chez l’adolescent et l’adulte, la prématurité et surtout, de nouveau, la DBP, sont associées à des altérations persistantes des fonctions respiratoires, qui ne se traduisent pas forcément par des symptômes respiratoires persistants.
Une méta-analyse de 2013 retrouve une perte moyenne de VEMS de 20 % chez les prématurés avec DBP par rapport à des individus contrôles nés à terme (4). Ce résultat a été confirmé dans l’étude de la cohorte Epipage 1 à l’adolescence (5). Dans les diverses études, à tous les âges de la vie, des premiers jours à l’âge adulte, le VEMS est corrélé au degré de prématurité. Et l’asthme précoce, avant 5 ans, pourrait, indépendamment de la DBP, majorer ces altérations fonctionnelles respiratoires observées (5).
Concernant les symptômes, alors que des études plus anciennes qui incluaient des individus nés avant l’utilisation du surfactant retrouvaient un surrisque d’asthme chez l’adolescent et l’adulte, cette association n’a pas été retrouvée au cours du suivi d’Epipage 1 à l’adolescence (5) ni dans d’autres études.
Une moindre tolérance à l’effort a aussi été décrite chez les prématurés avec DBP. Néanmoins, elle n’est pas systématiquement associée à une limitation ventilatoire quand on pratique des épreuves d’effort. Son origine pourrait être multifactorielle, et en partie liée à un moindre conditionnement ou à un déconditionnement à l’effort chez ces enfants souvent très protégés par leurs parents.
« La moitié des hospitalisations au cours de la première année étaient pour cause respiratoire »
D’après un entretien avec la Dr Alice Hadchouel-Duvergé (hôpital Necker - Enfants malades, APHP) (1) Lamarche-Vadel A et al. Re-hospitalization in infants younger than 29 weeks’ gestation in the EPIPAGE cohort. Acta Paediatr. 2004 Oct;93(10):1340-5 (2) Renard ME, Truffert P. Pronostic respiratoire clinique à 5 ans du grand prématuré. Cohorte EPIPAGE. Arch Pediatr. 2008 Jun;15(5):592-4 (3) Fawke J, Lum S, Kirkby J, Hennessy E, Marlow N, Rowell V, et al. Lung function and respiratory symptoms at 11 years in children born extremely preterm: the EPICure study. Am J Respir Crit Care Med. 2010 Jul 15;182(2):237-45 (4) Kotecha SJ et al. Effect of preterm birth on later FEV1: a systematic review and meta-analysis. Thorax. 2013 Aug;68(8):760-6 (5) A Hadchouel et al. Association between asthma and lung function in adolescents born very preterm: results of the EPIPAGE cohort study. Thorax. 2018 Mar 31. DOI : 10.1136/thoraxjnl-2017-211115
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