Paris le 23 février, une patiente de 24 ans consulte pour une fièvre accompagnée d'une éruption cutanée, de douleurs musculaires et articulaires apparues 3 jours plus tôt. L'examen montre des lésions maculo-papuleuses sur l'abdomen, les bras et les jambes. La température est à 36,6 °C. L'interrogatoire ne retrouve ni prise médicamenteuse ni antécédents de transfusion sanguine et la patiente n'a voyagé dans aucune région où sévit le Zika. Elle a effectué un séjour au Japon à noël (21 décembre 2015 au 1er janvier 2016).
En revanche, avant l'apparition des symptômes, elle dit avoir eu des rapports sexuels (rapports vaginaux non protégés sans éjaculation et rapports oraux avec éjaculation) avec un homme de 46 ans qui ; lui, avait séjourné au Brésil du 11 décembre au 9 février. L'homme raconte avoir présenté le 7 février alors qu'il était encore au Brésil un épisode fébrile avec frissons, myalgies et éruption cutanée, symptômes qui ont disparu à son arrivée en France le 10 février.
Ces deux cas ont permis aux chercheurs de l'INSERM, de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (Hôpital Bichat), de l’Université Aix-Marseille et du Centre national de référence des arbovirus, de démontrer pour la première fois la transmission sexuelle du virus. Les échantillons d'urine et de salive prélevés chez la femme ont révélé la présence du virus (respectivement 3 500 et 21 000 copies/ml) tandis que le prélèvement sanguin était négatif. Chez l'homme, les prélèvements étaient négatifs pour la salive et le plasma, positif pour l'urine (4 000 copies/ml) et très positif dans le sperme (300 millions de copies).
Les virus isolés dans le prélèvement salivaire chez la femme et spermatique chez l'homme ont été séquencés, ce qui a permis de montrer une forte corrélation (100 %) entre les deux séquences génétiques, à l'exception de 4 mutations silencieuses (« synonymes »).
Les résultats publiés dans le « New England Journal of Medicine » est en faveur d'une transmission sexuelle via le sperme même si une transmission via d'autres fluides comme la salive échangée à l'ocassion d'un baiser ou via le liquide pré-éjaculatoire ne peut être écartée. Selon les auteurs, les recommandations doivent encore être affinées. En particulier, « La durée pendant laquelle les hommes doivent systématiquement avoir des rapports sexuels protégés (même oraux) doit être précisée », explique le Pr Yazdan Yazdanpanah. La possibilité d'une transmission lors de rapports oraux doit être soulignée.
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