Vaccination : un quart des médecins généralistes ont des doutes

Publié le 31/03/2015

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Les calendriers jouent parfois des tours. Alors que l’édition 2015 du calendrier vaccinal officiel vient d’être rendu publique par le ministère, une étude de la Drees sortie ce jour sur l’attitude et les pratiques des médecins généralistes face à la vaccination montre que, si la majorité des généralistes de ville sont favorables à la vaccination, un quart d’entre eux émettent des doutes sur l’efficacité et l’utilité de certains vaccins.

Ces dernières années, un accroissement préoccupant d’opinions défavorables à la vaccination a été constaté dans la population générale en France. Et ce, consécutivement à plusieurs controverses depuis la fin des années 1990 : maladies neurodégénératives imputées à la vaccination contre l’hépatite B, remise en cause de la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1, plaintes pénales à propos d’effets secondaires attribués à la vaccination contre l’HPV, mise en cause de l’aluminium présent dans certains vaccins. Or les médecins jouent un rôle pivot dans la vaccination de la population en France. Il était donc important de connaître leurs attitudes et pratiques face à différentes situations vaccinales.

Neuf médecins sur dix proactifs

L’étude a été réalisée sur un panel de 1712 médecins généralistes libéraux, mis en place grâce à un partenariat entre la Drees, les ORS et les URPS-ML de trois régions (Poitou-Charentes, pays de la Loire et Paca). Parmi les participants, 97% se sont déclarés favorables à la vaccination en général. Neuf médecins sur dix considèrent que leur rôle est d’inciter leurs patients à se faire vacciner même lorsqu’ils y sont réticents, ce qui souligne leur engagement dans la vaccination. Par ailleurs, la très grande majorité des médecins font plutôt, ou tout à fait confiance aux sources officielles (ministère de la santé, agences sanitaires). Mais parmi ceux ci, 53% estiment qu’elles sont influencées par l’industrie pharmaceutique et 29% préfèrent se fier à leur jugement plutôt qu’aux recommandations officielles. En outre, les médecins n’ont pas tous confiance en eux-même pour informer leurs patients sur les vaccins : si 96% se considèrent à l’aise pour donner des explications sur l’intérêt des vaccins et 81% sur leur sécurité, seuls 43% se sentent capables d’ expliquer le rôle des adjuvants à leurs malades.

Les MEP sont moins convaincus

Autre constat de l’étude : une importante hétérogénéité des comportements de recommandation des médecins en fonction du type de vaccins et de la population cible. Par exemple, seulement 33% d’entre eux déclarent toujours recommander le vaccin contre le méningocoque C en rattrapage chez les 2-24 ans, alors qu’ils sont 51% à le faire pour ce même vaccin chez les nourrissons à 12 mois. Concernant la vaccination contre les infections à HPV, 45% des médecins de l’échantillon la recommandent toujours aux filles de 11-14 ans. Et l’étude montre également que le score de recommandations des vaccins est moins élevé chez les médecins exerçant de façon occasionnelle une médecine douce (homéopathie, acupuncture).

 

Les enquêteurs distinguent, in fine, trois profils de médecins vis-à-vis de la vaccination. Le premier (76%) peut être qualifié de « confiant » dans les vaccins. Le deuxième profil rassemble des médecins « modérément confiants » (16%). Ils accréditent un peu plus souvent l’idée que les vaccins peuvent être responsables de maladies graves. Enfin, le troisième groupe (8%) est peu confiant à l’égard de la vaccination. La majorité d’entre eux estiment que les vaccins peuvent entraîner certains risques graves et remettent en cause leur utilité. Près d’un quart des médecins interrogés émettent donc des doutes sur l’intérêt de la vaccination, ce qui, selon les auteurs , est préoccupant.


Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr