Des chercheurs américains montrent pour la première fois, dans la revue « Cell Stem Cell » que le virus Zika infecte sélectivement un type particulier de cellules neuronales humaines, les progéniteurs corticaux. « C'est très révélateur que les cellules qui forment le cortex puissent être sensibles au virus et leur croissance en être perturbée », indique le Pr Guo-Li Ming, neuroscientifique et psychiatre à l'Institut Johns Hopkins et auteur principal.
C'est le premier élément tangible scientifique d'un lien entre les anomalies congénitales et l'infection Zika. Néanmoins, le Pr Ming tempère : « Potentiellement, cela pourrait expliquer le lien avec la microcéphalie, mais il y a beaucoup de travail nécessaire encore pour montrer un effet causal direct ».
Un contre-la-montre en 1 mois
Cette découverte marquante très attendue a été obtenue dans le temps record d'un mois, grâce à la collaboration de trois laboratoires de recherche de renom : celui du Pr Ming au sein de la faculté de médecine de Johns Hopkins, celui du Pr Hengli Tang à l'université de Floride et celui du Hongjun Sun à l'université d'Emory.
90 % des cellules infectées en 3 jours
En moins de 3 jours d'exposition au virus, 90 % des progéniteurs corticaux étaient infectés et produisaient du virus en quantité importante. De plus, les chercheurs ont constaté que les gènes de défense antivirale n'étaient pas encore activés. « Ce qui est très inhabituel », souligne le Pr Tang. Les cellules infectées mouraient ensuite en majorité, tandis que d'autres exprimaient de façon perturbée les gènes de la division cellulaire, suggérant un développement anormal.
Ces résultats sont concordants avec les observations faites dans certains cas cliniques. Certaines aires du cerveau semblent se développer normalement, « mais c'est en majorité les structures corticales qui manquent », indique le Pr Ming. Les scientifiques reprennent leurs recherches séparément. L'équipe du Pr Ming travaille sur des modèles de mini-cerveaux en 3D pour étudier les effets à long terme de l'infection Zika sur le tissu neural.
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