Covid-19 : la Société européenne de soins intensifs a formé plus de 12 000 hospitaliers pour soutenir les équipes des USI

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Publié le 11/12/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Depuis le mois d’octobre, plus de 12 000 hospitaliers européens* se sont inscrits aux compétences de base en soins intensifs pour soutenir les effectifs des services pendant la deuxième vague. Plus de 6 000 médecins et autant d’infirmiers et d’infirmières sont enregistrés au programme C19_SPACE (Skills Preparation Course) développé par la Société européenne de soins intensifs (ESICM – European Society of Intensive Care Medicine) et financé par l’Union européenne.

Préparer les renforts

Le programme est né à la suite de la première vague, dont l’intensité « a surpris tout le monde au printemps dernier » et a entraîné des « transferts de personnel dans l’urgence », rappelle au « Quotidien » le Pr Maurizio Cecconi, président de l’ESICM et chef du service d’anesthésie et de soins intensifs de l’Instituto Clinico Humanitas de Milan. L’ESICM estime ainsi que la pandémie a nécessité une augmentation de 30 à 40 % du nombre de lits en soins intensifs. « Nous avons alors réalisé que, plus que les médicaments et les équipements, ce qui fait la plus grande différence dans les unités de soins intensifs, ce sont les personnes qui y travaillent », insiste le président de l’ESICM.

Sous l’impulsion de la Commission européenne, l’ESICM s’est ainsi lancée dans la préparation d’une « armée de la santé », soit une base solide de professionnels capables de soutenir les unités de soins intensifs en cas de crise. « Le programme ne vise pas à former des spécialistes », explique le Pr Cecconi, jugeant l’opération impossible en si peu de temps. Mais des hospitaliers (médecins et infirmiers/infirmières), formés aux compétences de base en soins intensifs, « peuvent contribuer à sauver la vie de patients sous la supervision d’intensivistes expérimentés », estime-t-il.

Dispensé en 25 heures, le contenu de la formation aborde les bases de la sécurité, de l’assistance respiratoire, de la surveillance hémodynamique, de la septicémie et des infections, etc. Une partie se compose de vidéos et de podcasts, pour la création desquels « 70 experts européens se sont mobilisés sur leur temps libre pour les enregistrements », souligne le Pr Cecconi.

Un appui sur des cas cliniques tirés de la première vague

Le second volet du contenu, en partie en réalité virtuelle et disponible dans les 24 langues officielles de l’Union européenne, permet de soumettre aux soignants des cas cliniques tirés de la première vague. « Par groupe de cinq, les participants peuvent discuter en détail les décisions prises », raconte au « Quotidien » le Dr Alexandru Nica, réanimateur au centre hospitalier de Compiègne et formateur du programme C19_SPACE. La première session de formation à Compiègne, mi-novembre, a réuni « des professionnels travaillant habituellement aux urgences ou au bloc, souvent mobilisés pour augmenter les capacités en réa », poursuit le formateur.

La formation débouche sur la délivrance d’un certificat comportant des crédits CME/CNE, sans donner les compétences nécessaires pour être indépendant dans les unités de soins intensifs, mais garantissant les connaissances de base pour soutenir les spécialistes. L’objectif est bien la préparation de professionnels mobilisables, s’il est nécessaire d'augmenter rapidement et de manière importante les capacités en soins intensifs. La poursuite du programme au-delà de sa fin prévue en décembre est en discussion avec la Commission.

« La préparation est le meilleur moyen d’éviter le pire, insiste le Pr Cecconi. Mais les capacités de réanimation sont le dernier maillon dans la lutte contre l’épidémie. Nous (les intensivistes) serons toujours là pour prendre soin des patients et de leurs familles, mais les mesures de prévention et l'aide des citoyens sont très importantes. Maintenant que les vaccins arrivent, j'espère que, tous ensemble, nous pouvons gagner cette bataille. »

* Issus des 27 États membres de l’UE et du Royaume-Uni.


Source : lequotidiendumedecin.fr