Après deux années de crise sanitaire, a-t-on fini par apprivoiser le Covid ? La question peut se poser, alors même qu’un Français sur quatre et près d’un Francilien sur deux auraient, selon les estimations, déjà été contaminés par le Sars-CoV-2. Même si, en cette fin 2021, l’Hexagone se trouve confronté à une désespérante cinquième vague, on a appris à s’accommoder malgré tout à ce coronavirus, au point qu’aucun confinement n’a plus été jugé nécessaire depuis le printemps. Tant bien que mal, la France s'organise, aidée en cela par un taux de couverture vaccinale parmi les plus élevés du monde.
C'est d'ailleurs, sans doute, le principal enseignement de cet an II de la crise sanitaire : la vaccination a tenu ses promesses et il est logique que le prix Galien vienne – après d'autres distinctions et peut-être avant un futur Nobel de médecine — récompenser la technologie ARNm. En même temps, il est clair que celle-ci ne parviendra pas à éradiquer le virus. On a désormais la réponse à l'importante question qui se posait au début de l'année : si le vaccin diminue les formes symptomatiques de la maladie et notamment les plus sévères, il ne protège qu'imparfaitement de la transmission du virus. Et il perd en efficacité avec le temps. La survenue de variants aux multiples mutations n'arrangeant rien à cette baisse de protection.
Il faudra donc s'habituer encore longtemps à coexister avec cet agent infectieux venu de Wuhan. Là-dessus, les médecins ne se font pas d'illusion : 83 % de nos lecteurs, interrogés sur notre site internet, se montrent persuadés que la cause de nos malheurs ne disparaîtra pas comme par enchantement en 2022. Et peut-être faut-il s'attendre à ce que la pandémie passe un jour à la chronicité, comme le prédisent certains experts.
La première conséquence de cet état de fait concerne d'abord tout un chacun : il va falloir vivre avec le virus. Ce qui suppose de prolonger encore longtemps les bonnes habitudes : port du masque, passe sanitaire, usage des tests, adaptation des locaux, des moyens de transport et de la façon de travailler… Et dans cette guerre face à un ennemi qui change de visage sans arrêt, une reformulation régulière des vaccins sera bien sûr nécessaire. L'autre défi dépend de la communauté internationale : l'élargissement de la couverture vaccinale aux zones les moins protégées de la planète est une urgence, non seulement pour des raisons d'humanité, mais aussi, on le sait, d'efficacité. Enfin, le troisième enjeu interpelle nos politiques ici et maintenant. Les acteurs du soin sont fatigués, le système hospitalier termine l'année éreinté et exsangue. Et en ce début de campagne électorale, les candidats n'en parlent guère. Ils ont tort. Un récent sondage Odoxa montre qu'au moment du vote, les deux tiers des Français se détermineront en fonction de leurs propositions santé. Or, 82% estiment — à juste titre — que les programmes ne leur font pas assez de place. Il est grand temps de réagir.
Même si, en cette fin 2021, l’Hexagone se trouve confronté à une désespérante cinquième vague, on a appris à s’accommoder malgré tout à ce coronavirus