Dans l'Allier, un centre de santé envisage de fermer faute de médecins, laissant 7 000 patients sur le carreau

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Publié le 18/05/2021
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Crédit photo : Phanie

À Montluçon, dans l'Allier, plus de 7 000 patients vont-ils bientôt se retrouver sans médecin traitant ? Le centre de santé installé dans la ville pourrait en tout cas être contraint de fermer à la fin du mois de juin, faute de médecins.

Tout avait pourtant bien commencé lors de l'ouverture en septembre dernier du centre géré par l'Association des patients abandonnés en recherche de médecins (APARM) – une initiative privée, créée en réponse aux déserts médicaux. Deux médecins sont recrutés à temps complet (35 heures), et un médecin retraité intervient à temps partiel. Un troisième médecin est embauché quelque temps après, à plein temps.

Mais depuis, le centre de santé essuie les revers. Sur les trois médecins travaillant dans le centre, l'un décide de partir pour s'installer en libéral, un autre se met en arrêt maladie tandis qu'un troisième demande à passer à temps partiel. « Nous tournons actuellement avec deux médecins à mi-temps, dont l'une a son contrat qui prend fin au 30 juin, explique au « Quotidien » Gérard Gardrat, président de l'Association. Avec plus de 7 000 patients enregistrés dans le centre, il est impossible de continuer ainsi. Nous serons obligés de fermer, à moins de trouver de nouveaux médecins. »

Médecins étrangers

La ville de Montluçon, dont le bassin de vie compte près de 61 000 habitants, recense 35 médecins généralistes mais « cinq vont partir à la retraite d'ici la fin de l'année ». Plus aucun ne prend de nouveau patient.

L'association a donc contacté les facultés de médecine des régions voisines (Clermont-Ferrand, Dijon, Lyon, Saint-Étienne), passé des annonces dans la presse et même tenté un rapprochement avec le centre hospitalier de Montluçon pour partager des internes. En vain, malgré des conditions de travail attractives : 35 heures/semaine, 5 000 euros nets mensuels avec prise en charge de la mutuelle et de l'assurance, deux secrétaires et un assistant médical. Les élus locaux, régionaux ainsi que le ministre de la Santé Olivier Véran et l'épouse du président de la République Brigitte Macron ont aussi été alertés.

La solution pourrait être de recruter des médecins à diplôme étranger (hors UE). Trois praticiens seraient intéressés par un poste dans le centre. « Ils ont récemment passé les examens afin de valider leurs diplômes, mais c'est un processus très long pour ensuite avoir le feu vert, qui peut durer plus de six mois. Il sera déjà trop tard, regrette Gérard Gardrat. On va revenir six mois en arrière, c'est dommage car on a les patients et la trésorerie, il manque le principal, les médecins. »

Pas d'anticipation

Face à ce parcours du combattant, le président de l'APARM estime que les politiques locaux n'ont rien fait pour anticiper cette désertification médicale. « Cela fait des années qu'on sait que ça va arriver, les élus ont raté le coche, déplore-t-il. Pourtant, des départements voisins comme la Saône-et-Loire ont réussi à salarier les médecins ! »

Récemment interrogé par France 3 Auvergne Rhône-Alpes, le maire de la commune Frédéric Laporte rappelle qu'on « ne fait pas venir des médecins en claquant des doigts ». « Il y a une liberté totale d’installation. Pour attirer des médecins, je ne pense pas qu’il y ait de solution miracle, à un moment donné, il faudra passer par une certaine contrainte pour une répartition géographique », s'est défendu l'édile.


Source : lequotidiendumedecin.fr