L’initiative est partie d’un constat : d’un côté, des généralistes moins débordés que les autres sont prêts à accueillir quelques nouveaux patients ; de l’autre, des patients en quête désespérée d’un nouveau médecin traitant ; au milieu, personne pour faire la coordination. L’équation ainsi posée, des médecins libéraux de Vendée ont décidé d’occuper la place centrale et de créer une liste d’attente en ligne à l’échelle du territoire de leur communauté professionnelle (CPTS). Les Drs Adélaïde Garçon et Martin Harbonnier, généralistes de 33 et 38 ans installés aux Herbiers, sont à l’origine de cette idée, chipée à la mairie, bien volontaire pour leur refiler le bébé.
« Notre territoire est un désert médical, explique le Dr Martin Harbonnier. Près de 12 % des patients sont sans médecin traitant. Les mairies font bien des listes sporadiques pour répondre aux demandes de leurs administrés mais sans forcément faire le lien avec les professionnels de santé. C’est une organisation complexe. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous en occuper au niveau de la CPTS, vers qui la mairie rebascule désormais les demandes de patients. »
Développement maîtrisé de la patientèle
Lancée en décembre, la liste d’attente est en ligne sur le site de la CPTS du Haut Bocage, bassin de vie de 80 000 habitants, 32 communes et une quarantaine de médecins traitants. Près de 1 000 patients se sont inscrits en quelques clics. Pour l’instant, cinq généralistes sont allés y puiser quelques dizaines de patients. « C’est l’un des intérêts de cette liste, précise la Dr Adélaïde Garçon. Elle permet aux confrères qui veulent ouvrir un petit peu leur patientèle de façon discrète de le faire sans que leur secrétariat médical soit harcelé d’appels. Ils peuvent aussi décider de privilégier des patients de la liste qui font partie de communes proches de leur cabinet médical. C’est mieux pour les visites. »
Autre avantage de la liste : avoir une patientèle « captive » pour les futurs assistants médicaux, qu’au moins quatre médecins généralistes ont l’intention de recruter dans les prochains mois. « Ça vaut aussi pour un futur médecin qui envisagerait de s’installer sur notre territoire, complète le Dr Harbonnier. Au début, on a toujours peur de ne pas avoir assez de patients. La liste est un élément rassurant. »