L’ulipristal acétate (UPA) est un modulateur sélectif du récepteur à la progestérone (SPRM) qui a obtenu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) à la posologie de 5 mg en cure de trois mois pour le traitement des symptômes liés aux fibromes utérin en 2012. Cette AMM a bénéficié de plusieurs évolutions depuis, avec l’obtention d’une autorisation de traitement séquentiel. L’UPA est commercialisé sous le nom commercial d’Esmya en France ainsi que dans d’autres pays, notamment européens.
L’arrivée de cette molécule a été une véritable révolution dans le traitement des patientes souffrant de symptômes liés aux fibromes utérins. Elle nous a permis de traiter efficacement les saignements de nos patientes et de corriger leur anémie, mais aussi d’avoir un traitement efficace sur le fibrome en lui-même, en provoquant son apoptose et sa diminution de taille. Cette double efficacité nous a permis d’appréhender le traitement de nos patientes fibromateuses sous un jour nouveau.
L’étude Premya a montré que seulement 38,8 % des patientes qui devaient être opérées et traitées par une cure d’Esmya préopératoire pendant trois mois étaient finalement opérées avec un suivi de 12 mois (1). Certains pays comme le Royaume-Uni en 2018 et le Canada en 2015 l’ont recommandé chez les patientes souffrant de symptômes liés aux fibromes (2,3). Plus de 900 000 patientes ont été traitées par Esmya depuis sa mise sur le marché avec une commercialisation dans plus de 80 pays.
Un suivi rapproché depuis 2018
Mais une première alerte a été lancée début 2018. Des cas d’insuffisance hépatique grave, avec quatre cas de transplantation hépatique ont été rapportés. L’AMM a été suspendue et l’Agence européenne du médicament (AEM) a réévalué le rapport bénéfices/risques de l’UPA. Les recommandations ont été de limiter le traitement à une seule cure préopératoire et de réserver le traitement séquentiel aux patientes non éligibles à la chirurgie sous réserve d’une surveillance hépatique tout au long du traitement.
Une nouvelle déclaration de pharmacovigilance a été effectuée en décembre 2019, concernant une patiente de 54 ans sous Esmya qui a dû subir une transplantation hépatique. Cette patiente avait effectué un suivi régulier du bilan hépatique selon les recommandations en vigueur depuis 2018. La responsabilité du traitement par Esmya est probable et les mesures de surveillance décidées en 2018 ne semblent pas suffisantes pour éviter ces défaillances hépatiques graves.
La commission européenne a saisi l’AEM en mars 2020 (4). L’AMM a été suspendue et le rapport bénéfice/risque du traitement est en cours de réévaluation. Un courrier a été envoyé aux professionnels de santé afin de les informer du retrait du marché d’Esmya 5 mg durant cette réévaluation. Les patientes en cours de traitement doivent l’interrompre et bénéficier d’une surveillance hépatique deux à quatre semaines après l’arrêt. Les conclusions seront rendues au plus tard fin septembre.
MD, PhD, Hôpital Jeanne de Flandre, CHU Lille (1) Fernandez et al. Real world data of 1473 patients treated with ulipristal acetate for uterine fibroids: Premya study results. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 217; 208:91-96. (2) NICE recommendations. Heavy menstrual bleeding: assesment and management. March 2018. (3) Vilos and al. The management of uterine leiomyomas. J Obstet Gynaecol Can. 2015; 37:157-178. (4) European Medicine Agency. Pharmacovigilance Risk Assesment Committe. Assessment report on temporary measures. EMA/70192/2018. 12 March 2020