La méfloquine est un traitement aujourd’hui prescrit pour la prophylaxie du paludisme lors d’un séjour en région endémique. Une revue Cochrane (1) a fait le tour de la littérature (jusqu’au 22 juin 2017) pour faire le point sur l’efficacité, mais aussi l’innocuité de ce médicament, en prenant en compte 20 essais randomisés (11 470 participants), 35 études de cohorte (198 493 participants) et quatre grandes analyses rétrospectives de dossiers médicaux (800 652 participants). Neuf des essais randomisés avaient exclu les personnes ayant des antécédents psychiatriques. La méfloquine a été comparée à l’absence de traitement, ou à un placebo, ou à d’autres agents antipaludiques :
doxycycline ou atovaquone-proguanil, prescrits largement (lire page 20).
► D’après cette publication, la méfloquine « semble être un médicament très efficace ».
Dans les 12 essais comparant la méfloquine à un placebo, « le pourcentage de personnes ayant développé un épisode de paludisme variait de 1 à 82 % dans le groupe témoin et de 0 à 13 % dans le groupe méfloquine ».
► Concernant les effets indésirables (EI), dans les essais randomisés pour des séjours de courte durée, les utilisateurs de méfloquine étaient plus susceptibles de signaler des rêves anormaux (RR 2,04, IC à 95 % de 1,37 à 3,04) ; des insomnies (RR 4,42, IC à 95 % de 2,56 à 7,64) ; de l’anxiété (RR 6,12, IC à 95 % de 1,82 à 20,66) ; et une humeur dépressive (RR 5,78, IC à 95 % de 1,71 à 19,61) au cours de leur voyage, par rapport aux utilisateurs d’atovaquone-proguanil. Au total, les personnes sous méfloquine étaient plus susceptibles d’interrompre leur traitement en raison des effets indésirables que les sujets sous atovaquone-proguanil (RR 2,86, IC à 95 % de 1,53 à 5,31).
► Aucune différence du nombre d’EI graves n’a été observée entre la méfloquine et la doxycycline, ni du nombre d’interruptions de traitement liées à ces effets (RR 1,08, IC à 95 % de 0,41 à 2,87). Mais comme précédemment, les utilisateurs de méfloquine sont bien plus enclins aux problèmes de sommeil, des troubles anxieux ou dépressifs que les utilisateurs de doxycycline, lesquels ont toutefois plus souffert de dyspepsies, vomissements, candidoses vaginales ou photosensibilité.
► Dans leurs conclusions, les auteurs indiquent que le choix de l’antipaludique doit prendre en compte les effets indésirables spécifiques, et les critères mis en avant par chaque voyageur (coût du traitement, posologie).
► Le 25 mai dernier, l’ANSM rappelait l’importance des précautions d’usage de la méfloquine, qui fait l’objet d’une surveillance particulière en raison de ses effets indésirables psychiatriques qui peuvent être graves. Ce traitement est contre-indiqué chez les sujets présentant ou ayant présenté des troubles psychiatriques : dépression, anxiété généralisée, idées suicidaires, ou des antécédents de convulsions. L’Agence rappelait que la méfloquine ne doit être « envisagée qu’en dernière intention dans la chimioprophylaxie du paludisme ».
1- Tickell-Painter M., Maayan N., Saunders R., Pace C., Sinclair D., Mefloquine for preventing malaria during travel to endemic areas. Cochrane Database of Systematic Reviews, 30 october 2017.
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