« Les progrès réalisés ces dernières années dans le domaine des traitements — thérapies ciblées et immunothérapie — ont eu un effet majeur sur la mortalité du cancer du poumon », souligne la Dr Dorine Templement (CH Annecy-Genevois) et membre du conseil scientifique de l’étude KBP. Cette étude épidémiologique observationnelle multicentrique a été lancée en 2000 par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Elle permet, tous les dix ans, de faire le point sur l’épidémiologie du cancer bronchique dans les hôpitaux généraux, et de mesurer les conséquences des évolutions thérapeutiques en vie réelle. Pour l’édition 2020, 82 centres ont participé et près de 9 000 patients ont été inclus, soit environ 20 % des nouveaux cas annuels.
Des résultats préliminaires ont été dévoilés lors du 27e congrès de pneumologie de langue française (CPLF). Ils montrent un doublement, en 20 ans, du taux de survie à deux ans pour le cancer bronchique : il était de 47,8 % en 2020, contre 21,2 % en 2000. Sur cette période, la médiane de survie a doublé, passant de 8,8 mois en 2000 à 17,1 en 2020. « Pour les carcinomes non à petites cellules, qui ont le plus bénéficié de ses innovations thérapeutiques, la médiane de survie était de 10,2 mois en 2000, de 12 en 2010 puis de 24,7 mois en 2020 », précise la Dr Templement.
Cette amélioration s’explique principalement par les avancées thérapeutiques amorcées à partir de 2010. « On peut d’abord citer les traitements ciblés, reposant sur la biologie moléculaire. En 2010, on connaissait seulement la mutation EGFR. Aujourd’hui, on en a identifié de nombreuses autres. Désormais, on peut dire que 30 % des patients porteurs d’un adénocarcinome de stade 4, ont une mutation ciblable par un traitement. Ensuite, à partir de 2015, on a vu arriver l’immunothérapie. Au départ, on l’utilisait en 2e ligne. Aujourd’hui, quasiment tous les patients en bénéficient », indique la Dr Templement, en insistant sur le bénéfice d’un dépistage précoce du cancer bronchique pour améliorer encore davantage les taux de survie à l’avenir (lire p. 4).