Les deux humanitaires évacués par voie aérienne du Liberia et de Sierra Leone ont été transportés par la brigade des sapeurs pompiers de Paris dans un caisson de transport étanche, jusqu’au sas d’admission de l’HIA Bégin.
Circuit dédié
Le caisson, guidé par une équipe d’accueil (médecin et cadre de santé) en tenue de protection complète, emprunte un circuit dédié jusqu’au secteur d’isolement du service des maladies infectieuses (couloir et ascenseur dédiés sécurisés). Celui-ci est délimité par une cloison physique en polyane puis des portes étanches automatisées sécurisées par carte magnétique. Le secteur, construit sur le principe de la marche en avant, comprend un sas d’habillage, une salle de soins, une chambre et un sas de sortie qui sert au déshabillage.
Isolement
Après vérification du niveau de dépression de la chambre et du matériel nécessaire pour assurer les soins et le bionettoyage, une seconde équipe (médecin, infirmier, aide soignant) réceptionne le patient puis procède à sa mise en condition. Dans la chambre, le caisson fait l’objet d’un premier bionettoyage puis regagne le véhicule sanitaire pour une désinfection terminale. Parallèlement, le bionettoyage du secteur de transit et du circuit dédié est effectué par une troisième équipe en équipement de protection (binôme aide soignant et IDE du service de réanimation), sous le contrôle d’un cadre de santé ou infirmier référent qui valide les différentes étapes.
Organisation des soins
Les soins, réalisés uniquement par des soignants titulaires, sont planifiés lors des staffs et préparés à l’avance. Ils respectent les principes de la marche en avant et sont regroupés et délivrés en binôme. Le linge à usage unique est la règle et la toilette du patient est effectuée sans liquide (gant imprégné d’une lotion lavante sans rinçage). Afin de limiter la fatigue et préserver leur vigilance, les soignants effectuent des rotations toutes les six heures (durée moyenne de séjour dans la chambre de 3 heures 30). La surveillance de la patiente est facilitée par des outils de monitoring et des moyens de communications avec la salle de soin du service.
Gestion des prélèvements biologiques
La gestion des échantillons biologiques des patients atteints de maladie à virus Ebola (MVE) – agent biologique de classe 4 – est encadrée par des textes réglementaires ou des recommandations nationales et internationales. Toutes les étapes (prélèvement, transport, technique, élimination) doivent être sécurisées. La principale mesure permettant de limiter les risques est de limiter la fréquence et le panel des examens biologiques. Ceci impose une concertation entre les cliniciens et biologiques afin de rationaliser au mieux la stratégie d’investigation biologique.
Le prélèvement est une étape à risque qui doit être sécurisée par l’expérience de l’IDE et le port de plusieurs paires de gants en nitrile, ce qui nécessite un certain entraînement. Le conditionnement des échantillons biologiques est une étape clé, pour laquelle les équipes soignantes doivent avoir été préalablement formées par les biologistes. Au décours du prélèvement, les tubes sont trempés dans une solution d’eau de Javel diluée à 0,5 % de chlore actif, avant d’être étiquetés puis placés dans un triple emballage (normes P620, classe 6.2), selon une chronologie standardisée afin de garantir l’absence de contamination de l’extérieur de l’emballage.
Un triple emballage pour les analyses de biologie classique est ensuite immédiatement acheminé au laboratoire P3 de l’établissement dans une glacière étiquetée « danger biologique » par un soignant. Les prélèvements virologiques sont transportés dans un autre triple emballage par un prestataire agrée pour le transport UN2814 et suivant les règles de l’ADR (accord for dangerous goods by road) pour le transport routier, au centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales (FHV) de l’Institut Pasteur de Lyon.
Automates
Afin de pallier à l’impossibilité de réaliser les analyses de suivis des patients, à l’automne 2014, dans le laboratoire P3, des automates de biologie conventionnelle, compacts et simples d’emploi, ont été installés, à l’intérieur d’un poste de sécurité microbiologique. La réalisation des analyses dans ce laboratoire de confinement est très consommatrice en équivalent temps plein (ETP), en raison des procédures de sécurité et de la fatigue liée au port des tenues de protection. Les délais sont forcément allongés par les étapes d’habillage et de vérification de sécurité. Aussi, afin de disposer en appoint de quelques résultats très rapides (gazométrie, hémostase, ionogramme) en cas de dégradation du patient, un automate de biologie délocalisée a également été installé dans la chambre en dépression, sous une petite tente souple limitant les risques de projection.
Élimination des déchets de soins
Tous les déchets de soins et les excrétas sont éliminés dans la filière déchets d’activités de soins à risques Infectieux (DASRI), avec une inactivation chimique avant emballage sécurisé, puis incinération. Les excrétas sont gélifiés et inactivés par de l’eau de Javel 0,5 % dans la chambre. Ils sont ensuite placés dans un sac DASRI pré-positionné dans un fût rigide à DASRI. Les fûts, désinfectés également à l’eau de Javel 0,5 %, seront eux-mêmes emballés dans un sac neuf à DASRI de 110 L puis stockés dans un grand récipient vrac (GRV) disposé dans la zone de transit. Les GRV sont éliminés spécifiquement par un prestataire agréé puis incinérés. Les manipulations des DASRI avant l’emballage du fût dans le grand sac à DASRI sont effectuées en équipements de protection.
Bionettoyage et désinfection
Les procédures de bionettoyage, essentielles afin de limiter la contamination de l’environnement et donc les possibilités de transmission croisée, ne présentent pas de difficultés techniques en dehors du fait d’être physiquement éprouvantes pour les équipes, qui doivent porter les équipements complets de protection individuelle. Elles sont effectuées quotidiennement par l’IDE et l’aide soignant, qui prennent en charge le patient selon un agenda précis, et aucune étape n’est confiée à des sociétés prestataires. Lors de la sortie du patient, un bionettoyage spécifique renforcé a précédé une désinfection terminale par voie aérienne au peroxyde d’hydrogène dans la chambre.
Accompagnement du patient
Des moyens de communication ont été mis à la disposition de la patiente (interphone, téléphone, ordinateur) et des visioconférences quotidiennes ont été réalisées, à sa demande, avec les accompagnants et/ou la psychologue.
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