Il reste médecin mais ne veut plus être chef et accompagner les politiques de restriction budgétaire. Mi-octobre, fait rare, le Pr Michel Canis a démissionné de son poste de responsable du service gynécologie du CHU de Clermont-Ferrand pour dénoncer des « restrictions » financières qui peuvent, à terme, avoir des conséquences sur la qualité de prise en charge des patients.
Dans une vidéo à « La Montagne », le médecin étaye sa décision. « J'ai fait ce choix car être chef de service aujourd'hui, c'est mettre en œuvre des politiques que je désapprouve, c’est-à-dire accompagner la direction dans la mise en place de plans de restriction, de diminution des moyens, de diminution de personnel. »
Le gynécologue déplore l'organisation du planning des blocs, régulièrement chamboulé, le délai d'intervention pour les opérations « qui s'allonge » et le matériel qui « vieillit ». « Les conditions de chirurgie deviennent quelquefois de plus en plus difficiles à cause de tout ça », déplore-t-il.
Les médecins, champions du monde du chacun pour soi
Dans la même logique, le Pr Canis explique qu'il n'hésitera pas à ranger le stéthoscope si la logique économique prend définitivement le pas sur la qualité des soins. « Si à un moment, on a l'impression qu'on ne peut plus opérer dans de bonnes conditions, on fera ce que font les pilotes, argumente-t-il. Quand un pilote Air France pense que l'avion dans lequel il va monter n'est pas sûr, il ne monte pas et il demande que l'on change l'avion. »
Le praticien mise sur la solidarité soignante face à un système qui « conduit à la destruction de l'hôpital public ». « Si on fait une grève administrative, et si on la fait tous ensemble, je pense qu'on a du poids », insiste-t-il. Condition de réussite : que les médecins, qui « sont les champions du monde du chacun pour soi », changent aussi d'attitude. Plutôt que de réclamer une revalorisation de leurs salaires, le Pr Canis suggère à ses confrères de se battre pour obtenir davantage de moyens pour les patients et de « rediscuter de la place et de la complexité de l'administration, infiniment trop étouffante ».
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