Trois occurrences furtives dans une missive de six pages. C'est peu dire que la santé ne figure pas en bonne place dans la lettre aux Français d'Emmanuel Macron, rendue publique dimanche soir en préambule au grand débat national lancé par l'exécutif.
Pendant deux mois, jusqu'au 15 mars, les Français sont appelés à plancher sur quatre grands thèmes que détaille le Président de la République : la fiscalité et les dépenses publiques ; l’organisation de l’État et des services publics ; la transition écologique ; la démocratie et la citoyenneté.
En réponse au mouvement des « gilets jaunes », l'initiative du gouvernement a été relayée ce lundi par la bonne élève Agnès Buzyn :
Des mots simples, un exercice inédit, une invitation à débattre.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 14 janvier 2019
Débattre pour partager les diagnostics et trouver ensemble les réponses aux enjeux d'aujourd'hui et de demain. Débattre pour mieux repartir de l'avant.#GrandDebat https://t.co/BltPRie1X5
La ministre de la Santé aurait pourtant pu s'offusquer du peu d'importance accordée aux thématiques de santé dans le cadre de ce grand débat national. Certes, l'hôpital est cité comme l'un des services publics « indispensables à notre cohésion sociale », qui « ont un coût, mais [qui] sont vitaux », et sur lequel il faut « prendre des décisions », au même titre que l'école, la police, l'armée, ou les tribunaux. Mais rien de plus...
« Accessible à tous indépendamment de la situation et de la fortune », la santé au sens large est érigée en quelques mots en exemple de la singularité française. À ceux qui critiquent l'action sociale du gouvernement, Emmanuel Macron rappelle aussi qu'« une stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage » ont été lancées « après de larges concertations ». Mais c'est tout.
Socle du vivre ensemble
Ce maigre intérêt pour les questions sanitaires et médicales a provoqué l'agacement de Frédéric Valletoux, qui s'est fendu lui aussi d'une lettre au chef de l'État, relayée par le « Journal du Dimanche ». Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) et maire (DVD) de Fontainebleau (Seine-et-Marne) estime au contraire que ce sujet, « primordial pour beaucoup de Français », doit être « au cœur du futur débat citoyen ». « L'accès à des soins de qualité et de proximité constitue une des préoccupations les plus importantes chez nos concitoyens. Ce socle de notre "vivre ensemble" est aujourd'hui fragilisé », alerte-t-il. Frédéric Valletoux juge que la concertation évoquée par Emmanuel Macron est en réalité une série de consultations « uniquement réservées à l'entre-soi des professionnels, des spécialistes et des experts », alors que « ces enjeux de société intéressent l'ensemble des Français ».
Ce n'est pas la première fois que la FHF monte au front. Mi-décembre déjà, l'organisation avait fait savoir par voie de presse son « regret et [sa] stupéfaction » au constat de l'absence de la santé et des hôpitaux de la liste des problématiques identifiées dans le cadre du grand débat national.
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