Bilan très mitigé pour la délégation de six médecins hospitaliers reçue mardi par le cabinet de François Braun, au moment où les trois syndicats de PH signataires du Ségur (INPH, Snam-HP et CMH) manifestaient leur colère devant le ministère. Ces trois organisations avaient appelé à faire grève à la suite à la rupture des négociations sur l’attractivité des carrières hospitalières, mi-mai. Une journée d'action qui suivait une autre mobilisation, la veille, à l'appel d'autres syndicats autour d'APH.
Pas de culture de la grève mais un mouvement très large
Que retenir de la journée de mardi ? Côté positif, l'INPH, la CMH et le Snam-HP revendiquent une mobilisation « massivement suivie » dans plus de 50 % des établissements, avec un taux de grévistes qui y a « largement » dépassé les 60 %. La modalité d’action la plus respectée a été la déclaration d’une heure de grève aux directions hospitalières, de source syndicale. Et les secteurs les plus touchés ont été la psychiatrie, la réanimation, la biologie, la chirurgie, la pédiatrie et la radiologie. De son côté, la conférence des présidents de CME de CH salue elle aussi « une mobilisation massive, totalement inhabituelle au sein d’une profession qui n’a pas la culture de la grève ». Un « signal majeur d’alerte qui ne peut rester sans suite ».
Face au cabinet de François Braun, la délégation a pu au moins exposer tous les sujets – des carrières à la PDS en passant par la pénibilité ou la problématique des hospitalo-universitaires. Si des « assurances » ont été données quant à « la volonté du ministre de faire aboutir les négociations » entamées depuis le début de l’année, il manque « un feu vert interministériel pour le mandat de négociation et le montant de l’enveloppe financière », déplorent les trois syndicats. En clair, Ségur serait prêt mais Bercy et Matignon font les comptes.
À la rentrée ?
Contactée ce mercredi par « Le Quotidien », la Pr Myriam Edjlali-Goujon (Snam-HP), membre de la délégation, considère que ce rendez-vous aurait été « très positif si nous avions eu des dates précises sur la reprise des négociations ». La radiologue reste donc « sur sa faim » d’autant que « le montant de l’enveloppe budgétaire n’a pas été communiqué ». Le ministère se serait seulement engagé à reprendre les négociations « à la rentrée prochaine » alors que les syndicats s'impatientent de plus en plus. « Il est urgent de prendre des décisions, ce n’est plus entendable d’attendre », alerte la Pr Edjlali-Goujon. Sans nouvelles de la part du ministère en septembre, elle prévient donc que « les syndicats n’en resteront pas là ».
Le cabinet de François Braun aurait toutefois affiché ses priorités : la permanence des soins, la revalorisation des retraites HU et les carrières des praticiens. Sur ce dernier point, il s’agira notamment de « diminuer la durée des échelons de fin de carrière » pour que les PH « puissent les atteindre », précise encore la radiologue francilienne.
Les HU très déçus
Certains leaders syndicaux ont constaté des trous dans la raquette. Le ministère semble « obnubilé par la PDS, l’aspect urgences, gardes et astreintes », confie au « Quotidien » le Pr Guillaume Captier (INPH), qui faisait partie de la délégation reçue. Le chirurgien du CHU Montpellier déplore le peu d'intérêt du cabinet de François Braun pour « les conditions de travail qui se dégradent en raison du manque de personnel », alors que 30 % des postes de PH sont vacants, voire 40 % dans certaines spécialités. Celui qui est aussi président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU) ne comprend pas pourquoi les négos sur les retraites HU se sont interrompues en mars. Pourtant, le manque d'attractivité pour la carrière hospitalo-universitaire a été souligné récemment par le rapport Uzan remis à François Braun.
Le SHU est donc sorti « particulièrement déçu » de cette rencontre, à défaut de calendrier précis, de moyens et d'arbitrage interministériel. Comme d'autres leaders, le Pr Captier suggère que « Bercy bloque » mais il pointe aussi « une certaine passivité » du ministère.
Relayant les revendications des syndicats de PH, la conférence des présidents de CME de CH appelle de ses vœux « des mesures concrètes et efficaces d’attractivité et de fidélisation médicale ». Celles-ci sont jugées « indispensables à la reconnaissance de la pénibilité de l’exercice, mais aussi à la préservation de la qualité et de la sécurité des soins qui ne pourra se maintenir si le nombre de postes vacants continue de s’accroître ».
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