La paralysie des blocs opératoires n'aura pas lieu mais la vigilance reste de mise. Initialement, c'est ce lundi 1er juillet que le décret donnant trois actes exclusifs aux infirmières de bloc opératoire diplômées d'État (IBODE) devait entrer en vigueur. Mais faute de paramédicaux formés en nombre suffisant, le texte* – qui remonte à 2015 – devrait une fois de plus être reporté de six mois, au 1er janvier 2020.
Les trois actes concernés sont l'aide à l'exposition, l'aspiration et l'hémostase, actes aujourd'hui réalisés par de nombreuses infirmières non IBODE. D'ici au 1er janvier 2020, le gouvernement a surtout prévu des mesures transitoires pour permettre à des infirmiers non IBODE de continuer à faire tourner les blocs, après vérification de leurs compétences.
« Une infirmière IDE qui a deux ans d'ancienneté au bloc pourra pratiquer ces trois actes après avoir passé une épreuve de vérification devant un jury [composé d'un chirurgien, d'une IBODE et d'un représentant de l'État, NDLR]. Ce dernier décidera si elle peut continuer d'exercer ou non, ou si elle doit faire une formation complémentaire de 21 heures », explique Laurence Boulou, présidente du Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (SNIBO). La profession demandait un délai de cinq ans pour sécuriser totalement l'exercice au bloc.
Panade
Les chirurgiens, qui redoutent toujours une pénurie de paramédicaux formés dans les blocs, plaidaient de leur côté pour une seule année d'expérience requise dans le dispositif transitoire. « Ce matin, j'ai opéré six patients et dans mon équipe opératoire, il n'y avait aucune IBODE ! s'alarme le Dr Philippe Cuq, à la tête de l'Union des chirurgiens de France (UCDF) et en exercice dans une clinique toulousaine. Ces mesures transitoires sont donc nécessaires, sans elles, nous serions dans une panade noire. Mais dans le privé, cela représente potentiellement 10 000 infirmières non IBODE à faire passer devant un jury. L'administration ne se rend pas compte… Nous, nous sommes dans les blocs tous les jours et nous avons besoin de ces infirmières ! »
Alarmiste, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) affirme que sur 13 230 infirmières non spécialistes œuvrant dans les cliniques, 20 % exercent depuis moins de deux ans et seraient donc mises sur la touche. Et ce dans un contexte de « forte pénurie » d'infirmiers... Balayant cet argument, l'Union nationale des associations d'infirmiers de bloc opératoire (UNAIBODE) s'étonne que la FHP réagisse aussi tard et souligne que « 80 % des infirmières travaillant au bloc sont donc éligibles aux mesures transitoires, et répondent parfaitement à la nécessité des 50 % nécessaires pour garantir la continuité des soins ». En 2018, 7 850 IBODE exercent en France.
* Texte soumis au Conseil d'État
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