Orpea est-il en train de sortir de la tourmente, presque deux ans après la parution du livre de Victor Castanet, Les Fossoyeurs et un an après l'annonce de son plan de refondation ? Outre son sauvetage financier opéré en février 2023, Orpea, qui réfléchit à changer de nom, a mis en place un projet médico-soignant pour retrouver de l'attractivité.
Référents éthiques
Cela passe en premier lieu par la gouvernance — et par l'appui médiatique de pontes du monde de la santé. Trois instances ont été créées, une commission médico-soignante, un conseil scientifique international présidé par le Pr Didier Pittet, un conseil d'orientation éthique dirigé par le Pr Emmanuel Hirsch. 582 référents éthiques seront formés en 2023.
Au niveau de chaque établissement, un trio managérial composé du directeur d'établissement, du médecin coordonnateur et du cadre de santé est à l'œuvre, avec la volonté de redonner de l'autonomie au directeur, par exemple pour recruter en fonction des besoins. Un dispositif de médiation pour répondre aux sollicitations des proches des patients et des résidents est piloté par Claude Evin, ancien ministre de la Santé.
30 projets pilotes
Sur le terrain, une trentaine de projets pilotes ont été lancés afin de soutenir la personnalisation des parcours de soins et des séjours dans la prévention de la grande dépendance et des complications sévères des maladies via le lien social, la nutrition, les repas, l'activité physique.
Pour sa politique de recrutement, Laurent Guillot, directeur général d'Orpea, reconnaît que « le taux d'accompagnement était inacceptable et les rémunérations pas à la hauteur. Nous avons un effort collectif au niveau du grand âge à fournir. Il faut un new deal afin de retrouver les financements nécessaires pour redonner de la qualité ». Pour atteindre cette mission, outre l'embauche d'une trentaine de recruteurs au niveau local, les objectifs des manageurs ont été totalement repensés. Au lieu de mettre la focale sur le taux d'occupation (qui devait être élevé) et la masse salariale (basse), les manageurs doivent veiller au projet médical, au taux de postes en CDI (passé de 80 à 85 %), au turnover (qui est passé de 33 à 25 %), à l'absentéisme (en baisse de 2 %), au taux de fréquence d'accidents du travail (qui a baissé de 45 à 33 %).
Manque de psychiatres
Selon Fanny Barbier, DRH du groupe, « il faut nous adapter au marché. Si nous ne recevons pas un médecin ou un soignant qui postule dans la semaine, il ira voir ailleurs ». Quant aux soignants, 600 CDI sont recrutés par mois. Le groupe emploie 1 000 alternants. Cinq cents faisant-fonction ont été formés pour améliorer leur statut. Le dialogue social a été réorganisé avec des élections professionnelles (19 CSE au lieu de 2 précédemment et 600 délégués du personnel). Des accords d'entreprise ont permis de revaloriser les soignants de 2 à 7 % en fonction de l'ancienneté et d'instaurer un treizième mois. Selon la DRH du groupe, « nous arrivons à être attractifs. Beaucoup de soignants viennent du public pour rejoindre nos petites structures. Nous leur proposons des formations et des évolutions de carrière ».
Le sujet critique reste le recrutement de médecins, surtout en psychiatrie. Pour remédier à la pénurie, l'accent a été mis sur l'embauche d'infirmières en pratiques avancées (IPA) en maisons de retraite pour améliorer le suivi des personnes atteintes de maladies chroniques et prescrire, avec un médecin coordonnateur en soutien.
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