Dans un avis publié ce mercredi 11 avril, l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail) met en garde certaines populations à risque contre la consommation de compléments alimentaires contenant de la mélatonine.
Une grande hétérogénéité des effets rapportés
L'Agence s'est autosaisie après avoir recensé 90 déclarations d'effets indésirables potentiellement liés à la consommation de ces compléments alimentaires entre 2009 et 2017 via le dispositif de nutrivigilance. Seuls 19 – dont deux étaient liés à une tentative de suicide – ont pu faire l'objet d'une analyse d'imputabilité. L'ANSES précise que « la survenue d’effets indésirables a pu être favorisée par l’interaction entre les différents composants du complément alimentaire ou entre le complément alimentaire et les médicaments consommés de manière concomitante ».
Les données de pharmacovigilance, de toxicovigilance et celles de différents pays européens et du Canada ont mis en évidence une hétérogénéité des effets rapportés, les plus fréquents étant des symptômes généraux, des troubles neurologiques, cardiovasculaires, gastroentérologiques, psychiatriques et dermatologiques. L'ANSES a couplé l'ensemble de ces données à une analyse de la littérature pour émettre des recommandations à destination des consommateurs mais aussi des professionnels de santé.
Les formulations simples sont à privilégier
L'ANSES déconseille ainsi la consommation de compléments alimentaires à base de mélatonine aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants et adolescents, aux personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes, mais aussi aux personnes devant effectuer une activité nécessitant une vigilance soutenue. L'agence souhaite par ailleurs que les personnes épileptiques, asthmatiques ou souffrant de troubles de l'humeur, du comportement ou de la personnalité sollicitent un avis médical avant d'en consommer.
Par ailleurs, de possibles interactions entre la mélatonine et certains médicaments ont été identifiées. C'est pourquoi la prise de compléments alimentaires doit être soumise à un avis médical chez les patients ayant un traitement en cours. L'ANSES invite à « privilégier les formulations simples n’associant pas la mélatonine à d’autres ingrédients et d’éviter la prise concomitante de plusieurs compléments alimentaires, afin de limiter les risques d’interactions ».
Des disparités réglementaires au sein de l'Europe
De façon générale, il est recommandé aux patients d'informer leur médecin mais aussi leur pharmacien de la prise de compléments alimentaires contenant de la mélatonine. L'absence de données à long terme appelle de plus à rester prudent et à un usage ponctuel des compléments alimentaires à base de mélatonine.
L'ANSES rappelle aux professionnels de santé l'importance de rapporter tout cas indésirable auprès du dispositif de nutrivigilance.
De fortes disparités réglementaires au sein de l'Union européenne ont par ailleurs été soulignées. En France, la réglementation permet la commercialisation de compléments alimentaires apportant moins de 2 mg par jour de mélatonine. Dans certains pays comme le Danemark, la mélatonine est tout simplement interdite. L'ANSES appelle à un cadre réglementaire harmonisé.
L'ANSES conclut en prônant « la mise en œuvre d’une coopération internationale sur la surveillance des effets indésirables associés à la consommation des compléments alimentaires ».
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