Le Syndicat des médecins libéraux (SML) poursuit son offensive de charme en direction des spécialités ou disciplines « menacées ».
Après avoir constitué une Union des médecins à expertise particulière (MEP), le syndicat propose son « assistance » pour empêcher la disparition de la gynécologie médicale libérale. Le Dr Christian Jeambrun, patron du SML, a donc décidé de « parrainer » une nouvelle organisation de défense de cette spécialité, le Syndicat des gynécologues libéraux (SGL - Gynéco de France), présidé par une femme, le Dr Yanick Leflot, installée à Amiens et élue du SML. « Il y a un besoin de défense spécifique de la gynécologie médicale à qui l’on dénie le droit d’être une spécialité à part entière et de haut niveau » avance le Dr Jeambrun . Constitué il y a à deux mois, Gynéco de France revendique déjà 200 adhérents (sur 1 800 gynécologues médicaux).
Les perspectives démographiques ne sont pas reluisantes : depuis 2004, seuls 20 internes en gynécologie médicale sont nommés chaque année pour environ 50 départs à la retraite. Les gynécologues médicaux, bien que cotant leurs actes en « CS », sont surtout confrontés à un sérieux problème d’identification et de reconnaissance en tant spécialistes, ce qui crée des situations ubuesques. Le conseil de l’Ordre a ainsi décidé de qualifier « spécialistes » les gynécologues médicaux, sous réserve qu’ils déposent un dossier et acquittent des frais de procédure… de 200 euros ! Une situation « consternante » résume le Dr Jeambrun. « Les pouvoirs publics ne savent pas trop où les classer, ni généralistes, ni spécialistes, cette spécialité a des problèmes existentiels… », résume le Dr Jean-Louis Caron qui s’occupe du dossier au SML. Quant à l’Europe, elle ne répertorie pas formellement la gynécologie médicale en tant que spécialité. « On a l’impression qu’il y a d’un côté des catégories nobles, chirurgiens et obstétriciens, et de l’autre des "grouillots", les gynécologues médicaux », se désole le
Dr Leflot.
Action nationale à la rentrée
D’où l’idée d’un syndicat dont le seul objet serait la défense et la reconnaissance de cette discipline et de son exercice. « La Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale a toujours défendu les gynécos-med mais elle a une fonction de formation, précise le Dr Leflot. Le SYNGOF (1) est davantage tourné vers les problèmes des obstétriciens et les plateaux techniques ». Quant au comité de défense de la gynécologie médicale, qui revendique 3 millions de signatures sur sa pétition en faveur de cette spécialité, « il faut saluer son action exemplaire de lobbying mais ce n’est pas un syndicat ».
Les promoteurs de SGL soulignent que l’exercice de gynécologie médicale est « grignoté » par d’autres professionnels de santé (infirmières, sages femmes) mais aussi par les généralistes. Récemment, l’Ordre national a jugé envisageable, à Gap, la possibilité d’une cession de patientèle entre un gynécologue et un médecin généraliste titulaire d’un diplôme universitaire de gynécologie.
Pour faire avancer son combat, Gynéco de France compte mobiliser les patientes sur le thème de la santé publique. Prévention, dépistage, suivi de la contraception… : le syndicat fait valoir que les gynécologues médicaux libéraux sont aujourd’hui le médecin de premier recours pour un grand nombre de femmes. Le Dr Jeambrun promet une « action nationale auprès des femmes » à la rentrée.
(1) Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France
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